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perfectionné. Quant à l’extraction et à l’épuisement des eaux, les poids des câbles et des tiges de pompes créeront des obstacles qui ne pourront être vraisemblablement surmontés que par l’introduction de relais. En effet, dans le premier cas par exemple, il se passera quelque chose d’analogue à ce qui avait lieu lors de l’immersion, malheureusement manquée à la première tentative, du câble sous-marin destiné à établir une communication télégraphique entre l’Angleterre et les États-Unis[1], opération où le poids de la partie qui sortait du vaisseau obligeait à en modérer le déroulement par l’action de freins très puissans. Si la longueur d’un câble de mines n’est pas comparable à celle du câble atlantique, le poids par mètre courant du premier, du moins s’il est fait avec du chanvre, est certainement quintuple du poids du second. Admettons qu’il soit sextuple, c’est-à-dire qu’il ait la valeur moyenne de 3 kilogrammes : le poids total d’un câble d’un kilomètre serait de 3,000 kilogrammes, et engendrerait ainsi, en supposant que 20 quintaux métriques de charbon fussent enlevés à la fois, une résistance de 5,000 kilogrammes au moins, à l’instant où la charge quitte le bas du puits, c’est-à-dire à l’instant où cette résistance, qui diminue d’ailleurs rapidement et devient même négative, est maximum. Enfin j’ai dit précédemment combien la circulation des ouvriers dans les puits de mines offrait déjà de difficultés : on ne s’étonnera donc pas de voir le gouvernement belge mettre, parmi les points principaux du problème minéral qu’il pose aux ingénieurs de tous les pays, l’invention, « pour la descente et l’ascension des ouvriers mineurs, d’un moyen présentant toutes les conditions désirables au triple point de vue de la sûreté, de l’absence de fatigue et de l’économie. » M. Amédée Burat propose hardiment « d’organiser dans l’intérieur des mines des logemens d’ouvriers qui permettraient à ceux-ci de ne remonter au jour que deux fois la semaine. » Cette proposition, que je ne crois guère pratique, m’amène à dire quelques mots des conditions hygiéniques au milieu desquelles s’accomplit le travail du mineur, et d’un dernier ordre de précautions imposé à l’exploitant de ce genre de propriété souterraine.


III. — CONDITIONS PARTICULIERES DU TRAVAIL DES MINES.

Le travail des enfans dans les mines n’est pas régi par la loi de 1841 sur les usines et manufactures dont les prescriptions concernant la durée du repos et la suppression des occupations nocturnes eussent été difficilement applicables aux exploitations souterraines.

  1. Voyez sur cette première tentative, dans la Revue du 15 octobre 1857, la Télégraphie électrique entre les deux mondes, par M. Laugel.