Page:Revue des Deux Mondes - 1858 - tome 13.djvu/640

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

montait notre production indigène en 1852, on voit alors que sept industriels semblables pourraient remplacer la France entière dans la part pour laquelle ses mines contribuent à la consommation houillère. Nous savons que la compagnie des mines d’Anzin offre un chiffre annuel encore plus élevé. On a fait, au sujet du géant maritime dont le lancement laborieux préoccupe depuis quelque temps l’attention du public européen, un curieux rapprochement : c’est que son tonnage, de 23,000 tonneaux équivalait à peu près au double du tonnage, de toute la marine britannique sous le règne de Henri VIII. J’ignore s’il existait à cette époque un relevé régulier de cette marine ; mais, en nous bornant aux navires spécialement affectés au service militaire, dont la plus ancienne liste daterait d’Edouard VI (1546), nous trouverons un tonnage total qui n’est que la moitié de celui du Léviathan. Lorsque l’Angleterre voulut résister à la fameuse Armada de Philippe II, on chercha tous les bâtimens en état de servir, et on en trouva 197, qui offraient ensemble un tonnage de ; 30,000 tonneaux, peu supérieur, comme on le voit, à celui du Léviathan. Il n’est pas besoin de remonter aussi loin dans les annales de l’industrie houillère pour trouver un terme analogue de comparaison à ces véritables Léviathans qu’elle aussi peut mettre en ligne. Le chiffre actuel de la production d’Anzin représente celui que l’extraction de toute la France atteignait en 1823. Relativement à la production de l’Angleterre, il est impossible de donner une série de nombres analogue à celle qui m’a servi à montrer l’augmentation progressive de la nôtre. Je trouve seulement dans divers documens que la Grande-Bretagne produisait en 1839 310,244,470 quintaux métriques de houille, — en 1848 347,547 500 quint, métr., — en 1854 646,614,010 quint, métr., — en 1855, 644,530,700 quint. ; met., — en 1856 677,117,770 quint., métriques. Il faut admettre que l’extraction anglaise est aujourd’hui à peu près décuple de l’extraction française.

En Belgique d’après le document officiel le plus récent, qui ne va pas au-delà de l’année 1850, il y avait à cette date, sur 592 sièges d’exploitation 408 sièges actifs, sur lesquels étaient en feu 605 machines à vapeur d’une force totale de 29,406, chevaux, et qui produisaient 58,205,880 quintaux métriques, c’est-à-dire déjà 14 millions de plus que la France. Pour l’année 1855, l’extraction belge aurait été de 82,584,160 quintaux métriques ; l’écart est donc toujours dans le même sens, mais un peu moins considérable.

L’homme, j’ai eu plusieurs fois l’occasion d’insister, sur ce point, a fatalement procédé en sens contraire de l’aménagement rationnel de la propriété souterraine : il a naturellement commencé à prendre ce qu’il lui était le plus facile d’atteindre. Après avoir extrait le charbon à ciel ouvert, il s’est attaqué à celui qui se trouvait immédiatement