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égards la plus nuisible, parce qu’elle rend le charbon d’un mauvais usage, puis parce qu’elle peut déterminer des incendies, soit dans l’intérieur de la mine, soit dans les magasins, ainsi que cela est arrivé tout récemment encore dans une fabrique de sucre de la Somme, où une combustion spontanée s’est produite dans un approvisionnement de charbon de 10,000 hectolitres environ, et en a détruit une quantité assez notable. Sous l’influence d’un air humide, la pyrite est transformée en sulfate, et la réaction chimique engendre un dégagement de chaleur capable d’enflammer la houille. J’ai eu l’occasion à propos de l’anthracite du Maine, de mentionner d’autres inconvéniens résultant de la présence de ce minéral. Le fait des incendies spontanés qui se déclarent dans l’intérieur des houillères n’est rare en aucun pays, pas même en France, bien qu’il y soit combattu préventivement par une disposition du cahier des charges, qui impose au concessionnaire d’une mine l’obligation de transporter régulièrement au jour les matières susceptibles de prendre ainsi feu. Le meilleur moyen de mettre fin au sinistre quand il se produit est d’isoler avec soin la partie de la mine où il s’est déclaré, en faisant la part du feu, et d’aérer activement les travaux. L’inondation qu’on produit en laissant remonter les eaux dans la houillère n’est pas toujours un remède efficace à cause des substances chimiques qu’elles peuvent contenir et de l’action qui peut s’exercer sur les pyrites. Dans une mine des environs de Saint-Étienne, il existe un embrasement souterrain qui date de temps immémorial, peu actif du reste et se manifestant au jour par de simples altérations du terrain et des vapeurs sulfureuses. Ailleurs la lente propagation du feu a littéralement fabriqué du coke. Je ne parle point ici des incendies qui sont souvent la conséquence des explosions de grisou, ou qui résultent d’un accident déterminé, soit par un foyer d’aérage, soit par le fourneau d’une machine à vapeur intérieure[1] ; mais je dois mentionner, — ne fût-ce que pour citer un curieux exemple des guerres souterraines auxquelles pourrait donner lieu la propriété minérale, et dont Turgot ne se préoccupait pas en voulant soumettre celle-ci à son utopie, — l’incendie allumé à Falizolles en Belgique. Les habitans y exploitaient pêle-mêle les affleuremens d’une couche de houille, et continuaient au fond les combats quotidiens qu’ils se livraient entre eux à la superficie ; ils avaient finalement imaginé, pour se chasser, de s’infecter mutuellement en brûlant de vieux cuirs. Un beau jour ils mirent le feu aux travaux, ne purent ni éteindre l’incendie ni s’entendre pour en faire la part, et il dure encore. Dans le cas où le feu prend à un dépôt de charbon, il suffit d’y pratiquer

  1. Telle est la cause d’un incendie qui a récemment éclaté dans une houillère de la Haute-Saône, dont deux ouvriers ont été victimes, et qui a entraîné la suspension des travaux d’un champ d’exploitation.