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II. — PRODUCTION ET EMPLOI DES COMBUSTIBLES MINERAUX.

Les classifications des combustibles minéraux sont nombreuses et variées suivant les considérations dont on les fait dépendre. On vient de voir l’ordre dans lequel le géologue doit nécessairement les placer. Le minéralogiste, qui se guide principalement par les caractères extérieurs, rangera dans la même catégorie les combustibles du même âge, mais introduira des divisions et des sous-divisions qui nous sont un indice de la difficulté que présenterait scientifiquement une spécification un peu nette. Le chimiste théorique, soumettant les corps à l’analyse médiate, y déterminera la proportion des principes élémentaires, comme l’a fait M. Regnault, en 1837, dans un travail très important sur la composition élémentaire des combustibles fossiles. Le chimiste pratique, se bornant à l’analyse immédiate, qui seule peut mettre en lumière les propriétés essentielles à connaître, recherchera les produits de la combustion et de la carbonisation, calculera la proportion des cendres que laisse la première de ces opérations, la nature et la quantité des gaz, des liquides aqueux ou bitumineux, et surtout du résidu charbonneux que fournit la seconde. L’industriel enfin, peu disposé à se préoccuper des considérations théoriques, quelles qu’elles soient, ne demandera guère qu’à la chimie pratique des indications sur un charbon minéral, et se placera surtout à un point de vue que je ne puis passer ici sous silence.

La carbonisation d’un combustible quelconque, — c’est-à-dire le chauffage hors du contact de l’air, contrairement à ce qui se fait dans la combustion — a pour but d’expulser toutes les matières volatiles, gazeuses ou liquides, que la substance contient, et le résidu solide de cette opération, si elle est suffisamment prolongée à une température convenable, est le charbon. Chacun connaît le produit utile que fournit la carbonisation du bois : l’agglutination des élémens fixes et la diminution du volume primitif qui caractérisent le charbon de bois, et aussi le charbon de tourbe, ne se retrouvent plus indistinctement dans les combustibles minéraux. Chez les uns, cette agglutination fait défaut au point de donner au charbon un degré insuffisant de solidité : tels sont les anthracites, les houilles anthraciteuses et les lignites. Chez les autres, le résidu, auquel on donne le nom particulier de coke, dont le poids peut varier de 45 à 75 pour 100 du poids du combustible soumis à la calcination, et dont le volume est toujours plus considérable que le volume de celui-ci, a une consistance remarquable dont le degré varie, ainsi que ce poids et ce volume, avec la qualité du combustible primitifs telles sont toutes les houilles autres que celles dont je viens de parler.