Page:Revue des Deux Mondes - 1858 - tome 13.djvu/627

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

un accroissement de débouchés par tous les moyens, même par une réduction excessive du prix de vente. Comme cela arrive souvent, chaque concessionnaire comprenait parfaitement les inconvéniens immédiats de cette concurrence effrénée ; mais aussi il attendait l’époque où son voisin ne viendrait plus, par des bonifications exagérées, qui étaient presque insignifiantes pour les consommateurs, lui enlever l’approvisionnement des fours à chaux situés dans le rayon naturel de ses débouchés. De 1845 à 1848, la lutte ne subsista plus qu’entre les mines du groupe de Laval et celles du groupe de Sablé, ces dernières ayant été réunies par un traité consenti pour trois ans, au bout desquels d’ailleurs cette association momentanée fut dissoute. Vers le milieu de 1848, une tentative de réunion de toutes les mines du Maine eut lieu à Laval ; mais la production annuelle, à laquelle chacune devait concourir dans une proportion convenue, excédant de 5,000 hectolitres à peine la consommation présumée des deux départemens, les membres du petit congrès industriel ne purent s’entendre sur la répartition de cette diminution. Derrière cet entêtement puéril se cachait, on le devine, le désir de plusieurs concessionnaires de conserver la liberté de produire autant que bon leur semblerait. Les rivalités industrielles poussées à ce degré manquent rarement d’amener une fusion des intérêts en présence : c’est ce qui se produisit à la fin de 1850 par la formation de la compagnie générale des mines de Sarthe et Mayenne, qui réunit six des huit compagnies et quatorze des dix-sept concessions du bassin anthracifère du Maine. On voit qu’elle venait, comme la société des mines de la Loire, réparer les conséquences fâcheuses pour tous d’un état de choses réellement anarchique, sauver en quelque sorte d’une ruine prochaine la propriété souterraine d’un département, qui se trouvait aménagée, par suite d’une concurrence excessive, contrairement aux principes conservateurs dont cette propriété exige impérieusement le respect. Cependant, comme la compagnie des mines de la Loire, celle des mines du Maine a encouru le reproche de se préoccuper beaucoup plus du prix de revient que du prix de vente dans la direction donnée à l’ensemble de ses exploitations, d’en laisser un trop grand nombre en réserve (8 sur 14), pour concentrer sa production sur les plus importantes. Comme dans la Loire le mot de monopole a été prononcé, et l’opinion publique a été, il y a quelque temps, très émue au sujet des dangers que la grande compagnie faisait courir à l’industrie locale, — dangers un peu imaginaires toutefois, par suite de la concurrence que viennent faire les charbons anglais et ceux du nord de la France à l’anthracite du Maine. Il n’y a peut-être au fond, en ce moment, qu’à reprocher à cette compagnie de n’avoir point poussé avec assez d’activité les travaux d’aménagement, de