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cour impériale d’un libre accès, pour les navires de sa nation, dans les cinq ports chinois ouverts aux Européens.

C’est en 1856 que l’académie impériale de géographie publiait à Saint-Pétersbourg les résultats scientifiques obtenus par la commission chargée de déterminer d’une façon rigoureuse le cours de l’Amour et celui de ses principaux affluens. Vers la fin de la même année, à la procure des missions étrangères à Hong-kong, un des officiers russes qui avaient fait partie de cette commission s’entretenait devant nous avec un de nos missionnaires, et nous fûmes ainsi éclairé sur les résultats pratiques que la Russie attend de ses explorations.

L’Amour (Grand-Fleuve) prend sa source à une quarantaine de lieues environ du comptoir de Kiachta. À partir de Baklanova, il coule à l’est et longe le pied des collines qui terminent au nord la chaîne des monts Sialkoï, mais il tourne bientôt au sud-est, et se fraie un chemin, par une succession de rapides, à travers une étroite vallée comprise entre les Sialkoï et l’un des éperons de la chaîne des Hingan, jusqu’à son confluent avec le Songari par le 47° degré de latitude. Se dirigeant alors au nord-est, il court verser ses eaux, grossies par des milliers d’affluens, au milieu desquels l’Usuri occupe la première place, dans un vaste estuaire qui porte le nom de golfe de l’Amour, et qui sépare du continent l’île de Tarrakaï. Le lit de ce grand fleuve est donc de l’est à l’ouest, sur une étendue de 35 degrés de longitude, la voie de communication des provinces de la Mongolie et de la Mandchourie septentrionale. Du nord au sud, c’est le Songari qui remplit le même office, et de grandes rivières, parmi lesquelles il faut nommer le Tumen, relient le bassin de l’Amour aux rivages de la Mer-Jaune et de la mer de Tartarie. Un autre fleuve, non moins important, s’appelle Siramuren et traverse des régions voisines de celles que baigne le Songari. Peu importe dans ces rigoureux climats la profondeur de ces divers cours d’eau : pendant six mois de l’année, de novembre en mai, une épaisse couche de glace transforme le lit de ces fleuves en une route aussi sûre que rapidement parcourue par les traîneaux des tribus tartares.

Un officier russe que nous avons rencontré dans la baie de Castries, à trente lieues au sud de l’embouchure de l’Amour, et qui vint à notre bord en parlementaire, nous assura que moins de quarante jours suffisaient pour que les ordres émanés de Saint-Pétersbourg fussent transmis aux ports de Nicolaïef et de la baie de Castries. Tout nous fait un devoir de croire à l’exactitude de ce renseignement, qui se rattachait d’ailleurs à l’espérance de la paix et à la possibilité, pour nos ennemis d’alors, d’en recevoir les premiers l’heureuse nouvelle. Si l’on accorde cette facilité, cette rapidité de communication