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du sommet à travers la crevasse du Cundurguachana. »

M. Sébastien Wisse, qui, plus heureux que M. de Humboldt, réussit à pénétrer en 1845 au fond du gigantesque cratère du Pichincha, a été de même conduit à croire que ces blocs de rochers, qui ont parfois trois mètres de diamètre, ne peuvent avoir été rejetés par une explosion du cratère actuel ; la traînée des blocs erratiques en est éloignée de plus de six mille mètres. Les traditions des natifs s’accordent néanmoins à leur attribuer une origine volcanique. Ne pourrait-on pas admettre avec quelque apparence de raison qu’ils ont été amenés à la place qu’ils occupent aujourd’hui par des torrens boueux, pareils à ceux qui ont rempli de débris les grandes vallées ouvertes sur les flancs des volcans javanais ? Cette opinion est d’autant moins improbable que, suivant M. de Humboldt, les plateaux qui entourent la montagne volcanique du Pichincha ont dû être plusieurs fois inondés, et qu’au dire du colonel Hall, dans l’intervalle des années 1828 et 1831, des matières boueuses ont été déversées du cratère actuel.

Toutes les éruptions des volcans de Java ne sont point accompagnées de torrens de boue qui inondent et détruisent les forêts, les champs et les villages ; un grand nombre de ces volcans ne rejettent que des débris et des cendres. Ces éruptions sèches caractérisent les volcans les plus agités de l’île, tels que le Lamongan, le Séméru, le Guntur et le Merapi. Comme Santorin dans l’archipel grec, le Lamongan et le Séméru sont dans un état d’irritation permanente ; mais tous les phénomènes volcaniques se bornent à des jets de débris incandescens qui retombent dans le cratère ou roulent sur les flancs de la montagne. La nuit, le sommet de ces volcans s’entoure d’une rouge lueur. Les explosions ont lieu à un quart d’heure ou une demi-heure d’intervalle dans le Lamongan, toutes les deux ou trois heures dans le Séméru. Après ces deux volcans, le Guntur ou Mont-Tonnerre est le plus actif de Java : il se passe rarement quelques mois sans que des cendres, du sable, des fragmens de roche n’en soient rejetés avec de terribles détonations, qui ont valu à la montagne le nom qu’elle porte dans le pays. Les éruptions de ce volcan n’ont pas toujours été sèches comme aujourd’hui ; les nombreuses collines de matériaux incohérens qui recouvrent les pentes les plus douces de la montagne ont été formées autrefois au sein d’immenses fleuves boueux. Ainsi les phases et les irrégularités de l’activité souterraine peuvent s’observer non-seulement d’un volcan à l’autre, mais dans la succession des éruptions de la même bouche volcanique.

On trouve à Java, dans, les cratères, sur les flancs des montagnes, parfois même à de très grandes distances, à peu près tous les exemples