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en fa de Beethoven, la huitième, dont le public a voulu réentendre l’andante scherzando qui en forme la seconde partie, et dont le dernier biographe de Beethoven, M. Oulibichef, a le malheur de ne point apprécier l’ineffable élégance. Après ce chef-d’œuvre est venu un air d’un opéra de Haendel, Aétius, qui a été chanté dans la perfection par M. Stockhausen, de l’Opéra-Comique. Ne cessons pas de dire avec Beethoven parlant de Haendel, dont il admirait le génie biblique : Quel grand style que celui de l’auteur des Macchabées, de Samson, de la Fête d’Alexandre, du Messie et de vingt chefs-d’œuvre semblables! Quelle instrumentation pittoresque avec si peu d’élémens, des instrumens à cordes soutenus d’un hautbois et de quelques trompettes! Cet air d’Aétius, avec des vocalises obligées, qui font partie intégrante de la mélodie et qui embrassent une étendue presque de deux octaves, M. Stockhausen l’a chanté comme aucun virtuose connu ne pourrait le faire. Hâtons-nous de dire que M. Stockhausen n’est point un élève du Conservatoire, que dirige M. Auber. — Un fragment d’un quatuor d’Haydn, celui en fa dièze mineur, exécuté par tous les instrumens à cordes, autre chef-d’œuvre d’un maître qu’on ne peut pas oublier, et puis le Songe d’une Nuit d’Été, de Mendelssohn, ont rempli le reste de la séance. Dans cette composition délicieuse de Mendelssohn, qui rappelle si fortement l’imagination de Weber, surtout la couleur d’Oberon, on remarque toujours l’allegro appasionato, les couplets avec accompagnement du chœur, le scherzo et la marche, qui a un si grand caractère.

Le huitième concert n’a pas été moins intéressant que le septième. La symphonie en ut de Mozart, dont l’andante et l’allegro sont les parties saillantes, l’introduction de l’oratorio de Samson de Haendel, la symphonie en de Beethoven en ont fait les frais. En général, la Société des Concerts a fait cette année des efforts pour enrichir son programme de quelques vénérables nouveautés. Qu’elle persévère dans cette voie, et qu’elle n’oublie pas surtout qu’il y a l’œuvre d’un homme puissant, Sébastien Bach, qui sort des catacombes, et dont elle doit au public la vulgarisation !

La trente-deuxième demi-brigade, commandée par l’intrépide M. Pasdeloup, qui s’est fait connaître sous le nom de Société des jeunes Artistes, marche, de bien loin sans doute, sur les traces de la Société des Concerts. Si son intelligence égalait sa vaillance, ce serait le phénix de nos bois. M. Pasdeloup s’abuse peut-être un peu sur la portée légitime de son ambition, et parfois il ferait bien de modérer son zèle. Quoi qu’il en soit, ses intentions sont bonnes, et son activité bruyante mérite d’être encouragée, puisqu’elle concourt à la propagation de la bonne nouvelle. Audacieuse comme elle est, la Société des jeunes Artistes est montée la première sur la brèche, et dès le 7 décembre 1856 elle faisait entendre dans la salle Herz la symphonie en la majeur de Mendelssohn, qui n’est pas une merveille. Le premier morceau est confus, comme toujours, et la pensée du maître ne se dégage que péniblement à travers une instrumentation trop chargée de petits effets de sonorité. L’andante, qui se compose d’une phrase de plain-chant, au-dessous de laquelle les basses dessinent un ricamo piquant, est plus saillant que le premier morceau; il vaut mieux aussi que l’allegretto qui forme le troisième épisode de cette œuvre distinguée, dont le finale se fait remar-