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PRISE DE NARAH
SOUVENIRS D’UNE EXPEDITION
DANS LE DJEBEL-AURES



Au moment où l’attention publique est ramenée vers l’Algérie par l’intérêt des nouvelles opérations militaires qui viennent de s’y accomplir, peut-être trouvera-t-on quelque à-propos dans le récit d’un épisode déjà ancien et peu connu, mais qui mérite une place dans l’histoire des innombrables faits d’armes de notre conquête africaine. On pourra ainsi mieux comprendre ce genre de luttes qu’un siège récent et à jamais mémorable ne doit pas faire oublier, car c’est de là, c’est de cette rude école que sont partis nos soldats, éprouvés et aguerris, pour vaincre sur un plus grand théâtre; c’est là qu’ils sont revenus pour continuer, dans de plus obscurs combats, de servir le pays et d’illustrer son drapeau.

Vers la fin de l’année 1849, tout le sud de la province de Constantine était en pleine insurrection. Le sac de Zaatcha avait bien avancé nos affaires dans le désert[1], mais il ne terminait pas la guerre dans la région montagneuse qui comprend : à l’est le pâté des Aurès, véritable Kabylie; à l’ouest le Hodna, le pays des Ouled-Sultan, des Ouled-Ali-ben-Sabour et des Ouled-Sellem. Cette partie occidentale, moins difficile à faire rentrer dans l’ordre, fut d’abord parcourue

  1. Voyez le Siège de Zaatcha dans la Revue du 1er avril 1851.