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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




31 mai 1857.

L’Europe, après avoir vu disparaître les grandes affaires qui l’ont émue et absorbée, ne va-t-elle pas voir aussi se dénouer peu à peu ces autres questions qui restent depuis quelques mois livrées à l’ardeur des polémiques et au travail actif des négociations ? Que deviennent encore une fois tous ces incidens dont se compose la politique actuelle, la transaction relative à Neuchâtel, et les élections des principautés, et la querelle diplomatique entre l’Autriche et le Piémont, et les démêlés du Danemark avec l’Allemagne ? Voici tout d’abord une de ces questions qui a eu de la gravité, et qui arrive heureusement à son terme aujourd’hui : c’est l’affaire de Neuchâtel, dont la solution a été un instant arrêtée par une indiscrétion qui a pu être gênante sans exercer une influence sérieuse sur le dénouement. Les dernières diflîcultés ont disparu ; le traité est signé désormais, et les ratifications devront être échangées d’ici à peu. Cette question de Neuchâtel n’existe donc plus réellement ; on l’aura oubliée dans quelques jours, comme si elle n’avait pas été sur le point d’allumer un conflit dangereux, comme si elle n’avait pas occupé la diplomatie pendant trois mois. Neuchâtel restera définitivement un canton suisse, le roi de Prusse gardera comme un souvenir le titre princier attaché à son ancienne possession. Les intérêts que le cabinet de Berlin tenait à sauvegarder ont reçu satisfaction dans les limites de l’indépendance de la confédération helvétique, et il faut ajouter que prudemment, habilement désintéressé dans sa dignité, dans ses susceptibilités de souverain, le roi de Prusse n’a point hésité, quand le moment est venu, à renoncer aux compensations pécuniaires qui lui étaient assurées. Que manque-t-il seulement à cette œuvre également acceptée par la Prusse et par le pouvoir exécutif de la Suisse sous la sanction de l’Europe ? Il lui manque l’approbation de l’assemblée fédérale helvétique, qui va se réunir extraordinairement, et qui ne saurait refuser de souscrire à une transaction que ses négociateurs