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paroxysmes réguliers en 24 heures, paroxysmes assez semblables à des accès de fièvre rémittente, et qui ont donné au typhus de Crimée un cachet particulier. Le ventre était souple, sans douleur, sans météorisme, sans ce gargouillement dans la fosse iliaque droite, qui est le caractère propre de la fièvre typhoïde. La constipation a presque toujours remplacé le flux intestinal de la fièvre typhoïde, quand la dyssenterie n’existait pas déjà avant l’invasion du typhus. Après la période inflammatoire, qui durait cinq ou six jours, survenait la période nerveuse, marquée par les phénomènes ataxiques ou adynamiques et souvent par un mélange des deux sortes de phénomènes. La période nerveuse ne durait que quatre ou cinq jours, elle était peu prononcée quand la convalescence devait être franche.

Le typhus traversait quelquefois ces trois périodes avec une effrayante rapidité. La mort survenait souvent le troisième jour, même le deuxième ou le premier. Le typhus était alors réellement foudroyant. Rarement il persistait au-delà de quinze jours à moins de complications, telles que des congestions organiques de l’une des trois cavités splanchniques (tête, poitrine et abdomen). Le retour à la santé avait presque toujours lieu dans les douze premiers jours. Le malade passait tout à coup de la mort à la vie. Le voile typhique de la face se soulevait et disparaissait; le regard devenait franc et intelligent, l’appétit se prononçait et devenait impérieux; les forces revenaient avec une grande rapidité. Toutefois l’intelligence conservait encore le stigmate du typhus, comme l’attestaient des rêves bruyans pendant la nuit, et, dans le jour, le délire sur quelques points, bien que le raisonnement fût juste sur le reste. Un affaiblissement de l’ouïe et de la vue, une perte plus ou moins complète de la mémoire, persistaient encore assez longtemps; toutefois on ne remarquait pas, comme dans la fièvre typhoïde, la chute des cheveux. Ces heureux changemens étaient souvent précédés de saignemens par le nez, de sueurs, d’urines critiques, et quelquefois d’inflammation des glandes parotides. On le voit, la convalescence, qui est si lente et si difficile à diriger dans la fièvre typhoïde, marche rapidement dans le typhus. Les écarts de régime sont peu redoutables, ce qui s’explique par l’absence de cette lésion des follicules intestinaux et de cet engorgement des glandes mésentériques, dont la constance est l’un des principaux caractères de la fièvre typhoïde, et que l’autopsie pratiquée sur des centaines de cadavres n’a jamais découverts dans nos hôpitaux d’Orient.

Pour guérir le typhus, il faut avant tout de l’air pur, sans cesse renouvelé; il faut soustraire le malade aux causes de l’infection, aérer la chambre, y faire de fréquentes fumigations aromatiques et chlorurées, respecter la période inflammatoire comme un effort su-