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lui écrite à son père pour détourner celui-ci de la clémence, et une autre adressée à sa mère dans le même esprit. On y trouve ces paroles à propos de quelques personnages compromis dans une conspiration dont les chefs avaient été punis : « Si tu veux être en sécurité, il faut frapper ceux-ci. » Cette lettre, le témoignage de Lampride et l’expression de la statue du Vatican m’empêchent de regretter beaucoup le beau Diadumène.

Après l’apparition odieuse et burlesque de Macrin sur le trône du monde viennent les règnes des deux cousins germains, l’exécrable Héliogabale et l’intéressant Alexandre Sévère. L’un et l’autre durent l’empire à des intrigues de femmes. Ici entrent en scène ces princesses syriennes, qui portèrent toutes le nom de Julie, qu’on reconnaît d’abord dans la série des impératrices à un certain air qui leur est propre, et à leurs cheveux, qui ondulent gracieusement des deux côtés de la tête, tels que les portent aujourd’hui les jeunes femmes du Transtevère, coiffure élégante, surtout si on la compare aux toupets monstrueux, à la mode sous les Flaviens et sous Trajan, mais qui souvent est une véritable perruque. Les Julie étaient d’origine syrienne. Être Syriennes à cette époque, c’était être à demi Grecques. Aussi l’inscription funéraire qu’une d’elles, la mère d’Héliogabale, a fait tracer en l’honneur de son mari et de son père, est bilingue, latine d’un côté, grecque de l’autre. La beauté des Julie n’est plus la sévère beauté romaine; ce n’est pas non plus la pureté grecque. Les trois premières Julie sont de charmantes étrangères dont la grâce est presque moderne. Cela est surtout vrai de Julia Domna, qui, en épousant Septime-Sévère, la première rapprocha du trône son obscure famille. Elle a sur le front toutes les élégances de l’Asie. C’était une femme d’Émèse, dont Sévère désira la main parce qu’un oracle avait promis que son époux aurait l’empire. Ses portraits confirment ce que l’histoire dit de sa beauté. Elle est belle et jolie; il y a dans la bouche de la finesse et de la décision. Sa physionomie intelligente ne trompe point; elle aimait le savoir : Dion l’appelle Julie la philosophe. Malgré sa philosophie, Julia Domna fut une épouse peu recommandable, et montra une grande ingratitude pour celui qui l’avait choisie, famosa adulteriis; elle prit même part à une conspiration contre lui : c’était vraisemblablement celle qu’ourdit Caracalla. Caracalla était né d’une première femme de Septime-Sévère, si l’on en croit Spartien; mais selon Hérodien et Dion Cassius, écrivain contemporain, il était fils de Julie; il osa l’épouser après avoir fait mourir son autre fils Géta. Plus tard, humiliée de voir un personnage comme Macrin succéder à Sévère et à Caracalla, la fière parvenue se donna la mort.

Les quatre Julie, savoir : Julia Domna ou Pia, femme de Septime--