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LA
QUESTION CHINOISE

I. The Chineese, by sir John Davis. — The Chineese and their Rebellions, by T. Meadows. — III. Parliamentary Papers.


La question chinoise commence à occuper les esprits en Europe. Il y a trois mois, cette question n’excitait par elle-même qu’une médiocre attention : les événemens survenus dans la rivière de Canton semblaient devoir toute leur importance au débat qu’ils avaient soulevé dans le parlement britannique, et la saisie de l’Arrow n’était, aux yeux du public, qu’un chétif incident de la lutte engagée entre d’illustres hommes d’état, qu’une petite scène du grand spectacle donné par le jeu viril de ces institutions auxquelles l’Angleterre doit sa puissance et son éternelle jeunesse. Il n’en est plus de même à cette heure : on commence à comprendre que des intérêts communs à tout le monde civilisé pourraient bien être engagés dans cette question, et la France en particulier, malgré la crainte où elle est de tout ce qui risque de troubler le repos et le bien-être dont elle jouit, ne laisse pas de pressentir qu’il pourra y avoir un rôle sérieux et nécessaire à jouer pour elle dans cette grave affaire. C’est qu’en effet, dès qu’une difficulté s’élève entre une nation européenne[1] et le Céleste-Empire, il est rare qu’on ne voie aussitôt entraînés, bon gré,

  1. Il est entendu que dans le cours de ce travail la dénomination d’Européens s’applique à tous les peuples d’origine européenne, et comprend par conséquent les Américains du Nord.