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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 mai 1857.

Au premier coup d’œil qu’on jette sur l’Europe, il est facile de voir que l’aspect des choses ne change pas d’un instant à l’autre. Chaque jour, heureusement pour la tranquillité des peuples, n’a pas sa moisson d’événemens et ses coups de foudre. Tout au plus peut-il y avoir, si l’on nous permet ce terme, des incidens dans les incidens. Les questions déjà engagées suivent leur cours, les négociations ou les conflits diplomatiques parcourent des phases diverses, le monde fait ses affaires. C’est ainsi qu’on n’en a point fini encore aujourd’hui avec cette question de la Chine, qui a grandi subitement à la suite des hostilités survenues dans la rivière de Canton, avec la question de Neuchâtel, qui a eu la mauvaise fortune au dernier moment de se heurter à un contre-temps imprévu, avec l’agitation électorale qui se prolonge dans les principautés danubiennes : incidens d’hier et de demain auxquels viennent se joindre l’ouverture des parlemens en Angleterre et en Espagne, de sérieuses et délicates discussions dans les chambres belges et piémontaises, et même des excursions de souverains qui ont aussi leur importance politique, comme le voyage du souverain pontife dans la Romagne et le voyage de l’empereur d’Autriche en Hongrie, dans cette contrée ravagée il y a huit ans par la guerre.

Il faut bien commencer par le commencement. Le nouveau parlement d’Angleterre s’est donc réuni de faiL à la dernière heure du mois d’avril, et il a repris véritablement ses travaux peu près, le jour où’e discours de la reine a été lu aux deux chambres. Le discours de la reine re dit que ce qu’on savait déjà sur les conditions générales de la politique extérieure et intérieure de la Grande-Bretagne. Il restait un point à éclaircir : quelle allait être la situation respective du ministère et des partis ? Que le cabinet eût la majorité dans la nouvelle chambre des communes, cela n’était point douteux ; mais quelle était la force et quelles étaient les tendances réelles de cette majorité ? Quel serait de plus le degré de son dévouement à la politique ministérielle ? Le danger pouvait venir, on le sait, de quelque proposition de réforme électorale dont certains membres des communes semblaient dispo-