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jourd’hui la population n’y est que de 1,200 âmes, et le commerce ne s’alimente guère que du voisinage de la jolie petite ville de Chinandega, distante de deux ou trois lieues dans l’intérieur. Le second, désigné indifféremment sous le nom de golfe de Fonseca ou d’Amapala, est une vaste baie semée d’îles nombreuses et fertiles, dont plusieurs, disposées comme une chaîne en travers de l’entrée, garantissent la tranquillité de cette petite mer intérieure. C’est une des plus belles rades du monde; aussi la rivalité des convoitises a-t-elle nécessité le partage de son littoral entre trois des états de l’Amérique centrale, qui viennent s’y réunir comme trois coins juxtaposés : ce sont le Nicaragua, l’Honduras et le San-Salvador.

Le port principal, La Union, appartenant au San-Salvador, n’a pas 800 âmes. Il n’y paraît de navires que de loin en loin, pour les foires de San-Miguel, qui se tiennent en février et novembre à une quinzaine de lieues dans l’intérieur. La république de San-Salvador[1], le plus petit des cinq états (1,000 lieues carrées et 100,000 habitans), est tout entière située sur le Pacifique. Acajutla est le point où s’opère le mouvement maritime de Sonsonate, ville assez importante placée à quatre lieues dans l’intérieur. Des travaux bien entendus, exécutés par le docteur Drivon, assurent le facile déchargement des navires. — D’Acajutla, une route pittoresque et bien entretenue (chose rare) conduit, le long d’une petite rivière, à travers les bois, jusqu’à Sonsonate. La distance est de cinq lieues. Le matin, avant l’heure de la chaleur, il y règne une active circulation : les voitures s’y croisent avec les cavaliers et les piétons, les chariots vont et viennent, chargés de marchandises, les bestiaux errent le long du chemin; l’Indien à demi nu se dirige vers ses travaux, muni du machete, sorte de sabre qui paraît lui tenir lieu de toute espèce d’instrument agricole. A mesure qu’on approche de la ville, les habitations, d’abord éparpillées, deviennent plus nombreuses, et les fermes se transforment en fraîches villas; les jardins, puis les maisons se multiplient: vous entrez dans le Barrio del Angel, charmant faubourg qui présente Sonsonate sous l’aspect le plus pittoresque. A gauche, au fond d’un ravin, coule sur un lit de cailloux la petite rivière que vous suiviez depuis Acajutla; sur l’autre rive, la ville, entourée d’un cercle de verdure, tranche vivement par l’éclatante blancheur de ses maisons sur l’azur radieux du ciel; devant vous, un pont de pierre, hardiment jeté sur le ravin, indique l’entrée, tandis que dans le rideau de montagnes qui forme le fond de la scène, le volcan Izalco se couronne par intervalles d’une ardente girandole de flammes et de vapeurs. La ville a 5,000 habi-

  1. Ainsi nommée par le frère du célèbre Alvarado parce que la conquête du pays fut achevée le 6 août, jour de la transfiguration du Sauveur; le nom ancien était Cuscatlan ou terre de richesses.