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part, le mouvement de plus en plus considérable des marchandises qui la traverseront; elle doit aussi recevoir et fournir des produits par sa fertilité particulière et par sa propre activité.

À ce point de vue, quelles données possède-t-on, quelles espérances peut-on concevoir sur l’avenir de l’Amérique centrale? Pour le côté oriental de cette contrée, celui qui confine à l’Océan-Atlantique et qui regarde l’Europe, on a les relations de M. Stephens[1] et de M. Squier[2]. Quant à la partie occidentale, elle est délaissée et peu connue. Cependant ce côté de l’Amérique prendra dans l’avenir une importance incontestable, car il communique par le plus vaste et le plus clément des océans avec l’Asie, où se trouvent les millions de consommateurs de l’Inde et de la Chine, avec la Polynésie, avec l’Australie, qui grandit si rapidement, avec la Californie et l’Orégon, enfin avec l’Amérique méridionale. Un voyage exécuté de 1853 à 1856, un séjour de trois années m’ont permis de voir de près ces parages occidentaux, et je puis à bon droit parler du caractère du sol, de la configuration des côtes, du commerce local et de la population.

Si nous jetons un coup d’œil sur la configuration générale du pays, nous y verrons se dégager trois masses principales nettement accusées dans la chaîne des Cordillères : d’abord le grand plateau sur lequel est située la plaine de Guatemala, à près de 2,000 mètres au-dessus du niveau de la mer; plus loin, vers le sud, un autre plateau moins élevé, au centre de l’état d’Honduras; enfin un troisième système de montagnes dominé par le volcan de Cartago, au pied duquel s’étendent les fertiles plaines de San-José. Entre ce dernier plateau et le précédent, les terres s’abaissent pour former le bassin des lacs du Nicaragua, où ne se rencontrent que des hauteurs d’une faible élévation. De cette division géographique est sortie la division politique du pays, d’abord en cinq provinces, et plus tard en cinq républiques. La première et la plus importante, celle de Guatemala, occupe le plateau du nord, et l’état d’Honduras le second plateau; entre les deux, sur des terres moins élevées, se trouve la république de San-Salvador; le bassin des lacs, qui vient ensuite, forme la principale partie du territoire de Nicaragua, et la république de Costa-Rica comprend le dernier noyau de ces montagnes. La chaîne des Cordillères traverse la province néo-grenadine de Veraguas dans toute sa longueur, ne s’abaissant que vers Panama.

Les Cordillères séparent l’Amérique centrale en deux parties d’inégale largeur. Ici, comme au Chili et au Pérou, la chaîne est presque continuellement très voisine du Pacifique. Entre la mer et le versant occidental des Cordillères, les trois zones désignées sous les noms de tierra caliente, tierra templada et tierra fria (chaude,

  1. Central America, Chiapas and Yucatan, Londres 1851.
  2. Nicaragua, its People, scenery, etc., Londres 1852.