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retombera sur sa tête, ce petit peuple, le plus vain et le plus rempli de fiel qui soit sur la terre, et qui ose ainsi opprimer et piller les belles péninsules et les belles îles de la Baltique... Nous espérons en Dieu, dans le Dieu allemand!... » Et M. Beseler termine une longue brochure sur la question des duchés[1], après avoir imploré leur séparation complète d’avec le Danemark, par ce cri de haine et de guerre : « Citoyens des duchés, nous n’adressons qu’une prière aux puissances de l’Allemagne. Ce sont elles qui nous ont fait tomber les armes des mains il y a six ans pour conclure des armistices et des traités de paix; nous détestons ces traités! Qu’elles nous rendent nos armes : nous saurons bien nous affranchir et nous venger nous-mêmes! »

C’est ainsi que parlent en ce moment les écrivains allemands ou slesvig-holsteinois. L’un veut courir tout de suite aux armes; l’autre, effrayé des redoutables entreprises de « ce petit peuple danois » contre la grande patrie allemande, invoque le Dieu allemand, et s’indigne déjà de voir les îles de la Baltique, Seeland et Fionie, aux mains des Danois. A qui veut-il donc qu’elles soient? L’aveu est naïf, et rappelle trop les velléités maritimes de la Prusse avec le chant national au Slesvig-Holstein meerumschlungen. — Beaux témoignages en faveur du Helstat ! Le Danemark n’en voulait pas, et voilà comment les duchés allemands l’acceptent. Qui donc est satisfait à la suite d’un si malheureux arbitrage? Ni l’un ni l’autre des deux plaideurs apparemment. Serait-ce quelqu’un des juges?

On voit que les belles combinaisons du Helstat n’ont fait qu’attirer au Danemark cent ennemis du dehors. A l’intérieur, on a pu entendre maint craquement et maint gémissement de la machine en désarroi. Que veut-on que fasse le gouvernement danois, si d’une part la diplomatie européenne lui impose une combinaison politique hérissée de mille difficultés pratiques, et si d’un autre côté la diète de Francfort vient s’interposer entre ces difficultés et lui, pour l’empêcher de les aplanir ou de les vaincre? A quoi bon une seconde guerre? Celle qui a eu lieu de 1848 à 1851 n’a déjà servi de rien. Il faudra des négociations à la suite des nouvelles hostilités, et les grandes puissances, consultées précédemment, seront appelées de nouveau à y prendre part. Pourquoi l’arbitrage n’aurait-il pas lieu avant qu’on en vienne aux armes? Mais dans ce cas quel parti prendre?

C’est ici que le scandinavisme prétend offrir une solution. — Prenons, disent les partisans de l’idée scandinave, l’Allemagne au mot.

  1. Zur Schlewig-Holsteinischen Sache im August 1856, von W. Beseler, Braunschweig, 1856.