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dait indubitablement pour l’alliance occidentale; les différens corps mis en campagne par Frédéric VII auraient pu se rencontrer en ennemis sur les mêmes champs de bataille. — Veut-on toucher du doigt les autres conséquences politiques du Helstat? Nous avons déjà dit de quel poids la Russie devait peser désormais sur les destinées du Danemark, soit par suite du rôle principal que l’empereur de Russie a rempli dans l’élection du duc de Glucksbourg, soit par la seule autorité des droits que la famille de Holstein-Gottorp, dont le tsar est chef, s’est réservés pour l’avenir. N’y insistons plus, mais montrons par un troisième exemple, celui de la crise actuelle, que ce n’était pas une prédiction fausse ou exagérée de dire que l’introduction de l’élément germanique dans la monarchie danoise serait un germe à la fois de discordes civiles et d’inextricables embarras politiques à l’extérieur; montrons les duchés se révoltant contre cette captivité légale du Helstat et appelant aujourd’hui à leur secours, outre les cabinets de Berlin et de Vienne, la diète de Francfort!

Pendant le courant de l’été dernier, lors de la première session complète du conseil général de la monarchie, onze membres appartenant à la députation des duchés exprimèrent tout à coup des griefs inattendus. Ils prétendirent que la constitution commune, publiée en 1855, était entachée d’illégalité pour n’avoir pas été soumise à la sanction des assemblées provinciales de Holstein et de Lauenbourg, et ils demandèrent expressément que ces assemblées fussent convoquées sans plus de retard pour être consultées sur cet acte politique. En vain leur répondit-on que la constitution commune, avec le consentement et à l’instigation des cours de Berlin et de Vienne, avait été octroyée par le roi de Danemark et n’avait pas même été présentée à l’approbation des chambres de Copenhague : ils persistèrent et furent abandonnés par la majorité du conseil. Derrière eux cependant étaient les cours allemandes, prêtes à ramasser l’arme tombée des mains de ces enfans perdus, et qui, y joignant une autre plainte aussi peu fondée, relative à la vente parcellaire, c’est-à-dire démocratique, de quelques domaines publics dans les duchés, vente ordonnée par le gouvernement danois sur l’avis des états provinciaux, firent de ces réclamations intempestives le sujet de notes pressantes d’abord et bientôt menaçantes, sous le poids desquelles le Danemark a véritablement sujet de trembler aujourd’hui. En effet, les cabinets de Vienne et de Berlin ont déclaré que, si la constitution commune n’était pas soumise à l’approbation des assemblées provinciales du Holstein et du Lauenbourg, ils saisiraient la diète de Francfort du soin de protéger les duchés contre ce qu’ils appellent l’oppression danoise. La réponse du Danemark aux cours allemandes