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directement intéressée aux affaires d’un duché faisant partie de la confédération; l’Autriche était entrée dans le débat, et même, vers la fin de la guerre, son influence avait presque supplanté celle de la Prusse. La Russie, de son côté, n’avait pas vu avec indifférence la Prusse méditer un notable accroissement, l’état danois acquérir une constitution libérale, et la Suède sur le point de s’unir à ce royaume contre les envahissemens de l’Allemagne. L’empereur Nicolas avait donc envoyé quelques vaisseaux dans les eaux danoises pendant la guerre même, et son invitation formelle, équivalant à un ordre, avait fait rétrograder les Prussiens quand déjà ils avaient envahi le Jutland; mais, une fois les négociations ouvertes, la Russie s’était empressée de se mettre d’accord avec l’Autriche et la Prusse, et l’accord s’était fait sans peine. Les puissances occidentales, la France et l’Angleterre, qui avaient en 1721 garanti formellement au Danemark la possession du Slesvig, prirent aussi place aux conférences, mais sans doute avec une attention qui se détourna souvent sur leurs affaires intérieures. La paix avait été conclue en principe entre le Danemark et la Prusse le 2 juillet 1850, et le protocole de Londres (4 juillet) avait préparé la solution de la grave question de la succession au trône en décidant que les grandes puissances, afin de garantir l’intégrité de la monarchie danoise, désigneraient, d’accord avec le roi de Danemark, un héritier également acceptable pour les duchés et le royaume. C’est ce que régla définitivement le traité de Londres, signé le 8 mai 1852, et qui réservait au nom de toute l’Europe la couronne danoise au duc de Glucksbourg et à sa descendance mâle. Les deux questions territoriale et constitutionnelle venaient d’être réglées en même temps aux conférences de Vienne. Le système du Helstat y avait été adopté, c’est-à-dire que désormais, en vertu du principe de l’intégrité de la monarchie danoise proclamé au nom de l’Europe, les duchés de Holstein et de Lauenbourg, sans voir rompre leurs liens avec la confédération germanique, étaient cependant plus étroitement que jamais rapprochés du Danemark, puisqu’ils devaient dorénavant faire partie, au même titre que le Slesvig, de l’ensemble de l’état ou Helstat, puisqu’ils devaient être aussi bien que le Slesvig représentés dans une assemblée commune chargée des intérêts du gouvernement de toute la monarchie, puisqu’enfin une constitution commune à toutes les parties de la monarchie danoise devait relier ces parties entre elles, sans nulle différence foncière, chacune conservant ses anciennes institutions locales.

Voilà quelle solution la diplomatie européenne sut trouver à la triple question danoise, aux questions territoriale et constitutionnelle, et à celle de la succession au trône. On saisit facilement quels