LA MORALITÉ DE L’HISTOIRE
ET
DU REGNE DE HENRI IV
Le sens des événemens se renouvelle d’année en année. De nouveaux documens se produisent qui demeuraient enfouis depuis longtemps, et dont la lecture attentive nous force à changer d’avis sur des faits qui semblaient définitivement jugés. Pour ceux qui se complaisent dans la paresse, qui chérissent l’indolence comme une des joies les plus douces de ce monde, c’est un grand malheur sans doute, et qui nous inspire une compassion sincère. Pour ceux qui tiennent à connaître la vérité sur le passé, et qui savent de combien de voiles elle s’enveloppe, ce n’est pas un sujet de découragement. Si le sens des événemens se renouvelle, si le point de vue se déplace, ce n’est pas une raison pour douter du savoir acquis et proclamer la vanité de l’étude. Quand on connaît le développement de la science humaine, on s’aperçoit que l’histoire n’est pas placée dans une pire condition que les autres parties du domaine scientifique. Pour l’intelligence des faits qui s’accomplissent chaque jour, il y a eu, qu’on ne l’oublie pas, autant de tâtonnemens, autant d’hypothèses que pour l’interprétation des faits accomplis depuis longtemps, et qui, par leur nature même, ne doivent