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blic plus exigeant et les écrivains plus sévères pour eux-mêmes. Il fut donc véritablement le point de départ d’une réforme de la presse, et l’opinion publique ne s’y est pas trompée : elle associe invariablement le nom de M. Walsh avec l’amélioration qui s’est produite dans le ton et les habitudes de la presse depuis trente ans. C’est à New-York que M. Walsh trouva ses premiers imitateurs. Trois jeunes gens de talent, MM. Charles King, James Hamilton et Gulian G. Verplank, s’associèrent pour fonder le New-York American, qui se maintint pendant vingt ans au premier rang par l’habileté et l’honorabilité de sa rédaction, et qui exerça par contre-coup la plus salutaire influence sur les autres journaux de New-York. M. Charles King, qui en avait toujours été le rédacteur en chef, et qui en était resté le seul propriétaire, l’a réuni en mars 1845 au Courier and Inquirer, qui est aujourd’hui une des feuilles les plus accréditées et les plus répandues des États-Unis. À Philadelphie, l’héritage de M. Walsh a été recueilli par M. Joseph Neal, né en 1807, dans le New-Hampshire, mais qui vint de bonne heure s’établir en Pensylvanie. M. Neal prit en 1831 la direction du Pensyhanien, dont il fit en très peu de temps le journal le plus influent de l’état par un talent polémique qui unissait l’éclat et la vivacité à une extrême courtoisie. Au bout de treize ou quatorze ans, M. Neal, dont la santé avait succombé à l’excès du travail, s’est retiré du Pensylvanien pour se borner à la direction d’un recueil littéraire auquel sa grande réputation a assuré aussitôt la popularité. Citons encore, comme ayant appartenu à la même école, un journaliste du sud, P. H. Cruse, né à Baltimore en 1793 et mort du choléra en 1832. M. Cruse s’était destiné au barreau, mais un penchant irrésistible l’entraînait vers la carrière des lettres. Il délaissa le droit pour l’étude approfondie de l’antiquité, et quoiqu’il n’ait écrit que dans les revues et les journaux, il a laissé aux États-Unis la réputation d’un des écrivains les plus purs que l’Amérique ait produits. Il fut pendant près de dix ans le rédacteur en chef de l’Américain de Baltimore, auquel collaborait son ami Kennedy, comme lui déserteur du barreau, qui s’est fait connaître par des romans historiques avant de devenir un homme politique influent.

Les écrivains que nous venons de nommer appartenaient au parti whig. Dans les rangs opposés se trouve le poète W. C. Bryant. Né en 1794 à Cummington, dans le Massachusetts, Bryant vint s’établir à New-York en 1825, et débuta dans la Revue de New-York, pour laquelle il écrivit plusieurs de ses poèmes et des articles de critique. En 4827, il devint un des propriétaires et le rédacteur en chef de l’Evening-Post, fondé au commencement du siècle par Hamilton et Walcott pour être l’organe dirigeant des fédéralistes et