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agréable, et il se pourrait que M. Faure, qui est dans la fleur de ses ans, survécût au virtuose.

Le Théâtre-Lyrique fait toujours merveille. La Reine Topaze et Oberon remplissent chaque soir la salle et la caisse de la direction. Les recettes du chef-d’œuvre de Weber l’emportent même sur celles que produit l’agréable partition de M. Massé, malgré le concours et la bravoure de Mme Carvalho. On ne se lasse pas d’entendre cette musique, qui semble venir d’un monde enchanté où ne pénètrent que les artistes divinement inspirés. Mme Meillet a remplacé Mme Rossi-Caccia dans le rôle si important de Rezia. Mme Meillet s’acquitte avec zèle et souvent avec bonheur d’une tâche qui exigerait une voix et une cantatrice comme Mme Malibran.

Qu’on ne dise pas de mal du théâtre lilliputien où règne et gouverne M. Offenbach : il rend des services réels à l’art de Duni et de Gavaux, puisqu’il accueille les inconnus et qu’il leur permet de glisser sur l’herbette de ses prés, où l’on peut tomber sans risquer de se casser le cou. Aussi les petites partitions s’y succèdent-elles comme des ombres chinoises. Le Docteur Miracle, qui a tant fait parler de lui et qui a été couronné par des membres de l’Institut, ne méritait pas, ce nous semble, une telle apothéose. La pièce est au moins très médiocre, et des deux partitions qui ont été composées sur un texte suranné, celle de M. Bizet nous paraît la mieux venue. Si le temps, qui a ruiné tant de grands empires, emporte un jour le royaume d’Yvetot fondé par M. Offenbach, les mauvais libretti en seront la cause. Ce serait pourtant dommage, car nous avons distingué aux Bouffes-Parisiens une jeune personne, Mlle Aurélie Marchal, dont la grâce, la voix fraîche et les bonnes manières nous semblent dignes d’un meilleur sort.

Les anciens élèves d’Alexandre Choron se sont réunis cette année, comme les années précédentes, en un banquet fraternel où ils ont ravivé le souvenir de leur illustre maître. Une grand’messe en musique de la composition de M. Nicou-Choron, artiste d’un vrai mérite et gendre du fondateur de l’école célèbre de musique classique et religieuse, a été exécutée dans l’église de la Madeleine, au milieu d’une foule compacte de fidèles empressés. Cette messe, d’un très beau style, a été exécutée par deux cents instrumentistes et chanteurs sous la direction de M. Dietsch, maître de chapelle. M. Duprez a dit un motet de Cherubini avec cette profondeur de sentiment et cette phrase ample et pleine d’horizon dont il garde le secret. Sa digne fille, Mme Van den Heuvel, a chanté un O salutaris de M. Nicou-Choron qui a ému la nombreuse assemblée qui l’écoutait. La cérémonie a été digne de l’homme vénérable dont je m’honore d’avoir été le disciple.


P. SCUDO.





ESSAIS ET NOTICES.

MATTHESON ET SON TEMPS.

Theoretiker von Zopf und Schwerdt. Mattheson und seine Zeit, von W. H. Riehl, Stuttgart.

Étant dans le Hanovre il y a quelques années, j’en visitais les musées et les bibliothèques, à la recherche des moindres traces de cette étrange famille