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Pétersbourg à Varsovie par Wilna. L’état y a fait pour 72 millions de travaux qu’il abandonne à la compagnie moyennant la moitié des bénéfices au-delà de l’intérêt à 5 pour 100. Voilà le trait de l’est à l’ouest. Il se complétera par un embranchement qu’il doit projeter des environs de Wilna vers la frontière prussienne et Kœnigsberg, et par son raccordement, à Varsovie, avec le chemin de fer de Granitza en Autriche. Cette ligne est le lien du réseau russe avec le réseau européen; au dedans, par son contact avec la Dvina, le Niémen et la Vistule, elle relie dans le nord les deux systèmes fluviaux.

Enfin les deux pièces du réseau se soudent à Pétersbourg, puis à Dunabourg, où la ligne de Varsovie rencontre la ligne de Koursk à Liebau. Par là, les importations de Liebau et les expéditions de Koursk pourront se répartir de Dunabourg à Varsovie et à Pétersbourg, dans les provinces voisines du railway de l’ouest; Pétersbourg entretiendra son activité en toute saison par ses relations avec Liebau (qui sera son port d’hiver), Kœnigsberg et Varsovie. Le réseau associe donc trois capitales : Varsovie, Pétersbourg, Moscou; trois mers, la Baltique, la Caspienne, la Mer-Noire; les trois zones septentrionale, centrale et méridionale, du pays; les deux systèmes de communications fluviales. En même temps qu’il donne de la cohésion à la Russie, il en consomme la solidarité avec l’Europe par les frontières de la Prusse et de l’Autriche. La conception de ce vaste tracé ne mérite que des éloges. Les longueurs des lignes sont approximativement : de Pétersbourg à Varsovie, 1,248 kilomètres, y compris l’embranchement sur Kœnigsberg, qui en a 170; de Moscou à Théodosie, 1,159 kilomètres; de Moscou à Nijni-Novgorod, 426 kilomètres; de Koursk à Liebau, 1,217 kilomètres : ce qui fait, avec quelques fractions, un total de 4,162 kilomètres à exécuter. Si l’on ajoute les 644 kilomètres de Pétersbourg à Moscou, le développement du réseau complet sera de 4,806 kilomètres. En admettant une vitesse de 40 kilomètres par heure, Moscou sera à 11 heures du Volga, à 29 heures du sud de la Crimée; Pétersbourg, qui dès à présent donne la main à Moscou, se trouvera à 45 heures de la Mer-Noire, à 26 de Varsovie, à 36 de Berlin, à 40 de Vienne.

Certes, quoiqu’on ait déjà entrevu peut-être la valeur économique du réseau, la valeur stratégique en est encore plus évidente. Cela est peu surprenant. En tout lieu, qu’il s’agisse de passer en armes chez les nations limitrophes ou d’échanger des produits avec elles, le procédé est le même : il faut conduire aux frontières des routes partant du cœur du pays. Il serait donc difficile d’inventer du centre à la circonférence une espèce de rayons qui auraient exclusivement une propriété commerciale sans pouvoir jamais recevoir une destination militaire. Les voies rapides servent à deux fins; tous les che-