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force varie de 24 à 250 chevaux. Le système que nous venons de décrire embrasse la partie orientale du territoire, qui confine à la chaîne asiatique de l’Oural. Le second système dessert la partie occidentale; lorsque l’art aura fait disparaître — ou donné le moyen de tourner — les treize cataractes qui, en aval de Kiev, gênent la navigation du Dniéper et la suspendent près de dix mois, ce fleuve, tributaire de la Mer-Noire, et la Dvina, le Niémen, la Vistule, tributaires de la Baltique, formeront une ligne sans solution de continuité d’une mer à l’autre, en regard des Karpathes et de l’Europe. Ces deux systèmes étant connus, on mesure l’espace qui demeure frustré des bénéfices de cette viabilité. Le réseau des chemins de fer russes comble la lacune en offrant un mode de transport permanent, accéléré, économique. Dans son expression la plus simple, il se réduit à deux traits, l’un du nord au sud, l’autre de l’est à l’ouest, et il se décompose en deux parties.

La première partie du réseau a déjà un élément: c’est le chemin de fer de Pétersbourg à Moscou, construit aux frais de l’état, ouvert depuis 1851, rapprochant la vieille capitale et la nouvelle, la première place commerciale maritime et la première place commerciale de l’intérieur. Ce chemin doit se prolonger de Moscou à Théodosie, l’un des ports de la Crimée, et voilà le trait du nord au sud. C’est peu : de l’un des points importans du parcours entre Moscou et Théodosie, de Koursk, une ligne remontera, par Dunabourg sur la Dvina, jusqu’à Liebau, l’un des ports de la Courlande; le trait du nord au sud se double. Ainsi deux rameaux baignent dans la Baltique; ils pénètrent dans la zone centrale avec un écart moyen de 100 lieues, l’un commençant à Liebau et passant par Dunabourg, l’autre commençant à Pétersbourg et passant par Moscou; ils se rejoignent au point de bifurcation, à Koursk, ce nœud du centre et du sud où, dès le mois d’août, les grains sont récoltés et les fruits mûrs. Puis le tronc descend entre le Don et le Dnieper; il détache un embranchement de 30 kilomètres qui atteint la partie maritime de ce fleuve à un point peu distant d’Odessa; il plonge dans la Mer-Noire à Théodosie. Cependant de Moscou partira dans la direction de l’est un embranchement passant par Vladimir, se terminant à Nijni-Novgorod sur le Volga, destiné peut-être, dans un âge futur, à s’allonger jusqu’en Sibérie, et de là jusqu’en Chine... Revenons. On voit que cette partie du réseau russe se place entre les deux systèmes de voies navigables; elle occupe une portion de l’intervalle déshérité, elle suppléera à l’insuffisance de ces communications, elle les met en rapport dans le sud. Parmi les aboutissans de cette combinaison de routes ferrées et fluviales, Liebau est une place obscure, Théodosie a été autrefois célèbre. Théodosie, au sud-est de la Crimée, se recommande par l’excellence de ses avantages nautiques et de sa situa-