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piration de la période de construction, fixée à dix années; le rachat ne peut être effectué que vingt ans après cette période, moyennant une annuité équivalente au revenu; la garantie d’intérêt à 5 pour 100 a la même durée que la concession, elle s’appliquera même sans délai à toute section du réseau mis en exploitation. Enfin le capital de 1,100 millions, dont la moitié peut être réalisée sous forme d’obligations, ne sera formé que par des émissions successives de titres, dont la première sera de 600,000 actions représentant 300 millions. Tel est le mécanisme financier de l’opération; mais c’est sous un autre aspect, on le comprend, que nous voulons étudier l’entreprise des chemins de fer russes : ce sont les conséquences économiques et politiques d’une telle œuvre qui doivent surtout nous préoccuper.


II.

Les routes de la Russie, à part quelques chaussées, méritent à peine ce nom. Rien n’eût été plus facile que d’en sillonner ce plateau, où, des monts Karpathes aux monts Ourals, aucune ondulation de terrain ne se prononce à hauteur de montagne; mais l’énormité des distances en eût rendu l’établissement et l’entretien onéreux. On utilise les dons du climat et du pays, la neige pour le traînage, les eaux courantes pour la navigation. Seulement le tramage n’est praticable qu’en hiver, la navigation ne l’est qu’en été. D’ailleurs le tarif du transport par traîneau est de 20 à 25 centimes par tonne et par kilomètre; s’il y a presse, il devient exorbitant, et les communications fluviales affectent les transactions par la lenteur du trajet ou par une interruption forcée durant la saison froide. En outre, il n’en existe que deux systèmes. Pierre est l’auteur du premier. Afin d’assurer l’approvisionnement de sa capitale et la prospérité de cette héritière de Novgorod, il songea à la jonction de la Neva, qui coule entre les quais de granit de Saint-Pétersbourg avant de se jeter dans la Baltique, et du Volga, voie commerciale qui unit le centre de l’empire à la Caspienne. Ces deux fleuves sont reliés par des canaux; c’est une ligne navigable de plus de 4,000 kilomètres de long. Le Volga, rattaché dans son cours supérieur aux canaux du nord, reçoit dans son cours moyen l’Oka, qui vient du sud-ouest, et c’est à leur confluent qu’est située Nijni-Novgorod, célèbre par sa foire; dans son cours inférieur, il reçoit la Kama, qui arrive du nord-est, où les établissemens métallurgiques sont groupés. Plus bas, la marchandise expédiée aux ports de la mer d’Azof peut débarquer, et, par un chemin de fer à chevaux de 63 kilomètres, aller se transborder sur le Don, qui la conduit à cette mer. Le fleuve et ses deux affluens ont un service de bateaux à vapeur dont la