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y fait défaut, et ce ne sera pas sans de grandes difficultés, surmontables d’ailleurs, qu’on pourra obtenir les résultats réservés à l’avenir.

Il n’en est point de même du zinc, qui a été reconnu dans la partie la plus peuplée de l’Espagne, dans la Biscaye et les Asturies. Aux environs de Santander existent des gisemens de calamine qui paraissent très importans. Dans les Asturies, à Arnao, près Avilez, dans une usine appartenant à une société franco-belge, on ne se borne pas à expédier la matière première, on la traite sur place, et bientôt on pourra livrer au commerce intérieur du zinc laminé. Ces gisemens de calamine, rapprochés des mines de houille, situés non loin des ports de l’Océan, dans des conditions favorables au commerce extérieur, et surtout au commerce de cabotage, pourraient être exploités dans de très grandes proportions. La production annuelle du zinc est de 45,000 tonnes environ, dont 10 ou 12,000 pour la Belgique, 6,000 pour les provinces rhénanes, 18 ou 20,000 pour la Silésie. Avec une exploitation intelligente du zinc récemment découvert, quelle ne serait pas la part de l’Espagne dans le commerce général ! On y trouve en outre des gisemens de sulfate de soude naturelle qui paraissent très nombreux et très étendus, et dont l’exploitation peut produire aussi une révolution dans les industries qui emploient la soude.

Il est inutile de pousser plus loin cet examen des richesses naturelles de l’Espagne. On a pu s’assurer qu’elles se prêtent à un très grand développement commercial et industriel. Il importe seulement de faire remarquer que, pour l’obtenir, trois conditions essentielles restent à remplir : 1o la réforme de la législation vicieuse qui régit les mines, et a substitué un régime d’anarchie à la prohibition absolue qui frappait l’exploitation individuelle ; 2o le concours du capital étranger, concours qui a été déjà fourni par la France, dans les plus larges proportions, et que le gouvernement espagnol doit encourager de plus en plus ; 3o enfin l’établissement d’un système complet de communications intérieures.


III. – LES CHEMINS DE FER EN ESPAGNE.

L’histoire des chemins de fer en Espagne offre à peu près les mêmes épisodes que dans les autres pays, et en particulier dans le nôtre. On y a passé, comme partout, d’une période de longs essais à une période d’engouement irréfléchi avant de prendre des allures plus régulières et plus assurées. Les deux premières concessions de chemins de fer datent de la fin de la guerre civile. La première a été faite en avril 1843 pour le chemin de Barcelone à Mataro, l’autre pour la ligne de Madrid à Aranjuez. La direction générale des travaux