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seule à la consommation intérieure, il est certain que les établissemens montés avec toutes les ressources de la science moderne y sont encore trop rares, et qu’il y aurait un grand avantage à substituer aux petites exploitations, où prévaut la méthode catalane, des usines semblables à celles qu’ont créées sur la côte asturienne des compagnies étrangères. Florissante dans les Asturies et la Galice, où elle occupe un grand nombre de bras, l’industrie du fer décroît dans la Biscaye, où l’on emploie le charbon de bois ; elle commence enfin à naître à l’autre extrémité de l’Espagne. Le sud-ouest renferme, comme nous l’avons vu pour la houille, de grandes richesses en minerai de fer oxidulé : on en trouve beaucoup en Estramadure et sur toute la côte méridionale jusqu’au cap de Gattes. Les usines de Marbella, de Pedroso en Andalousie, celle de Malaga, qui fait des expéditions en France, emploient dans des proportions encore minimes, il est vrai, une matière première dont on s’accorde à reconnaître la bonté. On rencontre enfin du minerai de fer dans la sierra de Moncayo, près de Calatayud, en Aragon, et ainsi se trouve placé près de la houille, sur les trois points principaux où elle gît, le métal qu’elle sert à transformer.

Après la houille et le fer, il convient de mentionner deux produits métallurgiques qui constituent pour l’Espagne une richesse déjà notoire, et aussi deux autres dont l’abondance a été révélée par de nouvelles investigations. On n’a pas besoin de rappeler que les mines de mercure d’Almaden étaient les plus riches du monde entier avant la découverte des mines de New-Almaden en Californie, et que l’exploitation des mines de plomb des Alpujarras a fait une véritable révolution dans le commerce de ce métal. En 1825, le changement, de la législation des mines, qui interdisait toute exploitation particulière, souleva un mouvement dont rien ne saurait dépeindre l’activité. Dès 1826, 3,500 mines avaient été ouvertes dans les sierras de Gador et de Lujar. Le royaume de Grenade se trouva subitement transformé, et des populations qui, depuis l’expulsion des Maures, vivaient dans la misère la plus profonde s’enrichirent et se moralisèrent par le travail des mines. Avant 1820, les mines royales ne produisaient que 30,000 quintaux de plomb ; en 1827, la production de ce métal était portée à 800,000. Aujourd’hui la production espagnole s’élève à 38,000 tonnes de plomb, le quart environ de celle du monde entier.

Quant au mercure, ce métal si cher, et aux mines d’Almaden, exploitées déjà du temps des Grecs, qui constituent pour l’Espagne une de ses plus incontestables richesses, et qui ont été, avec les revenus de Cuba, le plus sûr gage que le gouvernement ait eu à offrir à ses créanciers, il, semble, quoique la production puisse s’étendre indéfiniment, que les plus beaux temps de leur fortune soient déjà