Page:Revue des Deux Mondes - 1857 - tome 8.djvu/867

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

limites, constate qu’à son avènement au pouvoir cette dette dépassait du double le chiffre de 1851. Au 1er janvier dernier, elle était descendue à 490 millions de réaux.

Faut-il, pour fortifier, ces divers rapprochemens, mettre en regard les budgets espagnols de chaque année, et montrer le déficit s’accroissant avec les dépenses ? En 1850, le budget ne présentait qu’un déficit de 6 millions de réaux, dû à des découverts antérieurs, mais depuis lors, quelle marche ascendante ! Ce n’est point à dire que chaque année les propositions de recettes et de dépenses ne soient formulées avec une certaine apparence d’équilibre, malheureusement, trop tôt démentie par les faits ; mais entre les dépenses présumées et les dépenses effectuées il y a la même disproportion qu’entre les recettes prévues et les recettes réalisées. En 1851, les dépenses présumées sont de 1,449 millions de réaux, et les dépenses réelles de 1,527 ; en 1852, les premières étaient évaluées à 1,328 millions, les secondes montent à 1,480 ; 1853 présente les chiffres de 1,426 contre 1,542 ; 1854, ceux de 1,586 contre 1,760 ; enfin, au mois de mars 1855, la différence entre les dépenses présumées et celles qui devaient être effectuées atteignait 162 millions de réaux, et l’on avait à supporter commet dépense extraordinaire l’emprunt forcé de 230 millions de réaux, lequel devait être remboursé immédiatement. Les comptes de 1855 n’ont pas encore été apurés, mais, on peut dire que les dépenses, évaluées à 1,498 millions de réaux, ont dépassé 1,700. Quant au budget de 1856, présenté par M. Bruil, les recettes étaient portées à 1,471 millions, et les dépenses tout juste à 1,470 ; mais à côté des dépenses ordinaires il fallait faire figurer les dépenses extraordinaires, dont le total n’était pas inférieur à 370 millions. On doit en outre grossir le chiffre du déficit du vide produit dans les recettes par la suppression de mesures adoptées par le ministère du duc de la Victoire et répudiées par celui du duc de Valence. Ainsi la loi de désamortisement, reprise en 1854, vient d’être de nouveau suspendue[1], et le derrama, substitué aux consumos, se trouve définitivement aboli.

On se souvient que la révolution de 1854 avait, sous le prétexte du soulagement des classes pauvres, aboli l’impôt de consommation, consumos. Pour compenser la perte de 156 millions de réaux que cette mesure faisait supporter au trésor, voici, après bien des tentatives, quels moyens le ministère Espartero avait adoptés. On commença par frapper la propriété, territoriale d’une nouvelle charge

  1. Les biens vendus par suite de cette loi depuis le 1er mai 1855 jusqu’au 1er mai 1856 ont produit un milliard de réaux ; les propriétés dont la vente vient d’être suspendue représentent encore, au taux des dernières adjudications, 5 milliards de réaux, soit 1,250 millions de francs.