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bizarres et variés à l’infini des anciennes taxes locales. Grâce à ces réformes, les recettes s’effectuèrent avec exactitude, les dépenses furent ponctuellement acquittées, et après avoir, en entrant au ministère, trouvé un chiffre d’anticipation, tel qu’il n’avait été possible de le solder qu’au moyen d’une consolidation partielle, M. Mon, en quittant la direction des finances, laissait un budget réglé en équilibre.

M. Bravo Murillo suivit l’exemple du plus illustre de ses prédécesseurs en proposant une loi de comptabilité générale, destinée à réformer les habitudes vicieuses des agens du trésor. C’est à lui enfin qu’est due l’œuvre du règlement de la dette, entreprise trois fois de 1814 à 1834, tentée de nouveau par les cortès convoquées au début de la régence de la reine Marie-Christine, et essayée tout aussi vainement par M. Mendizabal. Cinq ans de mise en pratique de la loi du 1er avril 1851, au milieu de nouvelles et funestes complications intérieures, ont prouvé que cette loi était bien conçue, proportionnée aux ressources de l’Espagne et à peu près équitable à l’égard des intérêts nombreux et opposés qu’il s’agissait de satisfaire.

La loi de 1851 réduisit à 3 pour 100 l’intérêt de toute la dette espagnole ; elle la divisa en dette perpétuelle et en dette amortissable. La dette perpétuelle 3 pour 100 se subdivisa en consolidée et en différée. La dette consolidée se composa de la dette actuelle 3 pour 100 intérieure et extérieure, et jouit d’un intérêt de 3 pour 100 payable en argent à Madrid et hors de l’Espagne. La première émission de 3 pour 100 avait été faite, on s’en souvient, à la fin du règne de Ferdinand ; la seconde eut lieu sous la régence d’Espartero, pour consolider les intérêts des emprunts étrangers. La dette différée ne porta d’abord qu’un intérêt de 1 pour 100, qui, s’accroissant de 1/4 pour 100 tous les deux ans à partir d’une première période de quatre ans, doit être par conséquent complet au 1er juillet 1869. La dette différée comprit le capital de la dette consolidée intérieure et extérieure 5 et 3 pour 100, et la moitié des intérêts accumulés, échus et non payés jusqu’au 30 juin 1851 ; elle provenait de toutes les conversions précédentes qui avaient réduit en nouveaux 5 et 4 pour 100 consolidés, mais pour une partie seulement de leur capital, les anciennes obligations de l’état. La dette amortissable était divisée en deux catégories : la première comprenait les capitaux de la dette courante, de la dette provisoire, les bons non consolidés ; la seconde, les dettes appelées sans intérêts, passive et différée, de 1831. D’autres stipulations firent rentrer dans la catégorie des dettes 5 et 4 pour 100, soit pour la totalité, soit pour une partie de leur capital, des créances diverses provenant de titres étrangers non convertis depuis les règlemens de 1831 et de 1834, ou des créances sur l’état pour avances,