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de 261 millions de réaux, amortissement compris[1]. Au 1er novembre 1856, le total de la dette espagnole, d’après un organe officiel[2], n’est plus que de 12,708 millions, et l’intérêt à servir s’élève à 205 millions sans amortissement[3].

À ces chiffres il faut ajouter l’emprunt tout récemment adjugé à Madrid, enfin le montant de la dette flottante, qui, pour n’être pas consolidée et liquidée, n’en doit pas moins figurer au passif de l’état. L’importance de ces diverses obligations sera déterminée plus tard ; pour le moment, il est permis de porter approximativement l’ensemble de toute la dette espagnole à 16 milliards de réaux, soit 4 milliards de francs, en raison de ce que le gouvernement devra nécessairement allouer pour faire cesser toute réclamation étrangère. Maintenant comment la dette est-elle parvenue à ce chiffre, ou plutôt comment ne ra-t-elle pas dépassé ? Quelle est l’histoire, en un mot, des emprunts contractés par le gouvernement espagnol, des réductions, des transformations successivement introduites ? C’est ce que nous voudrions exposer aussi brièvement que possible.

Les i plus anciens emprunts espagnols remontent, dit-on, au XIIIC siècle et au roi Alphonse XI ; mais c’est seulement au règne d’Isabelle et de Ferdinand et aux dépenses faites pour la conquête de Grenade qu’on reporte l’origine de la première dette perpétuelle, appelée los juros. Les juros n’étaient autre chose qu’un gage donné à perpétuité sur les revenus de la couronne : ils furent très recherchés d’abord, mais les princes de la maison d’Autriche en firent un

  1. Dans la somme générale de 261 millions destinée au service de la dette étaient compris les intérêts de la dette flottante, etc. ; on affectait :
    réaux
    1° Au paiement des intérêts de la dette consolidée 112,000,000
    2° A l’intérêt annuel de la dette différée 64,000,000
    3° A l’amortissement de la dette amortissable 18,000,000
    4° Pour l’intérêt des actions de chemins de fer 13,000,000
    5° Pour l’intérêt et l’amortissement des actions de routes 17,000,000
    6° Pour l’intérêt et l’amortissement des billets du matériel 10,000,000
    70 Pour l’amortissement de la dette du personnel 12,000,000
    Total 246,000,000 réaux.
  2. La Gazette de Madrid du 2 novembre.
  3. La principale cause de la différence qui existe entre le total de 1856 et celui de 1857 provient du montant de la dette non convertie, portée dans le premier à un chiffre bien plus élevé que dans le second. Comme cette dette est surtout extérieure, il est à craindre que le dernier document ne contienne quelque erreur au préjudice de l’étranger. Il faut observer en passant qu’il est bien difficile d’arriver à un résultat incontestable quand il s’agit de la dette espagnole, et c’est pour cela que j’ai tenu à donner ces deux totaux fort différens, et qui ne sont peut-être tout à fait exacts ni l’un ni l’autre. Ainsi dans le premier ne figure point le chiffre de la dette du personnel, portée pour 112 millions dans le second. Or le montant de cette dette n’est point connu, et s’élève de jour en jour.