Page:Revue des Deux Mondes - 1857 - tome 8.djvu/848

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

du reste, sentiront que les noms importent peu, pourvu qu’on ne fasse pas de confusion, et définitivement nous dirons qu’un courant électrique marche à l’est quand il résulte d’électricité positive transportée vers l’est, ou d’électricité négative allant vers l’ouest, tandis qu’un courant vers l’ouest résultera soit d’électricité positive marchant vers l’ouest, soit d’électricité négative marchant en sens contraire vers l’est.

Avant d’aller plus loin, je ferai remarquer que l’atmosphère terrestre, qui repose sur les continens par sa partie inférieure, doit leur emprunter par contact de l’électricité positive, et quand elle n’est pas troublée, elle doit, dans son état normal, indiquer un état constant d’électricité positive. C’est ce qu’on observe en effet. Si, quand l’air est pur et qu’on est en plaine, on lance un petit gallon retenu par une ficelle conductrice, on en tire tout de suite des étincelles. Il suffit même d’un corps métallique soulevé au bout d’une longue perche pour en obtenir. Si l’on veut se contenter d’un électromètre à pailles, il suffira de l’élever d’un mètre, ou d’un demi-mètre même, pour voir les pailles s’écarter en vertu d’une électricité fort sensible. Saussure, dans les Alpes, vissait son électromètre au bout de son bâton de voyage, et, soit qu’il montât, soit qu’il descendît, les pailles divergeaient par l’électricité qu’elles prenaient à l’instant. J’ai bien des fois sondé l’état électrique de l’atmosphère avec une ligne à pêcher qui portait un simple fil de métal, fixé d’un bout au haut de la ligne par un bâton de cire à cacheter, tandis que l’autre bout était noué au bouton métallique de l’électromètre à pailles ou à feuilles d’or.

Savary, qui, ainsi que moi, avait beaucoup étudié la théorie d’Ampère, et dont une mort prématurée a rejeté le profond mérite dans l’ombre en ne lui permettant pas de publier les résultats de ses recherches, quoiqu’elles fussent déjà complètes, Savary, dis-je, après une conversation que nous avions eue ensemble, avait imaginé d’enfermer du mercure, ou un autre corps fluide et conducteur, dans l’intérieur d’une sphère de verre, et de voir s’il n’obtiendrait pas ainsi par rotation des courans analogues à ceux de la terre. Il m’avait même demandé le secret sur son expérience projetée. Il me semble que c’est lui rendre justice que de lui restituer cette idée, si elle est bonne, et dans le cas contraire j’en prends volontiers le blâme à mon compte. En y réfléchissant depuis, j’ai pensé qu’une enveloppe métallique, avec un liquide conducteur de l’électricité à l’intérieur, serait plus convenable que la sphère ou enveloppe de verre qui ne conduit pas l’électricité, et sans doute Savary eût fait lui-même cette modification à son projet d’expérimentation. Ces petits perfectionnemens à des projets d’expériences sur lesquels on est