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Toutes les fois que deux substances de nature différente sont en contact, elles s’électrisent mutuellement, c’est-à-dire que l’une prend un léger excès d’une sorte d’électricité, et que l’autre prend en même excès l’électricité contraire. Le seul contact suffit pour opérer cette électrisation ; mais si de plus les deux corps en contact frottent l’un contre l’autre, alors l’électrisation est bien plus énergique qu’avec le simple contact.

Or c’est ce qui se produit probablement dans la terre, d’après la constitution géologique de ce globe, formé d’une enveloppe solide d’environ 60 kilomètres d’épaisseur, qui constitue les continens et le fond des mers, et d’un vaste noyau de matière fondue et encore fluide de chaleur, sur lequel flotte l’enveloppe solide ou la croûte solidifiée, qui, en se brisant de temps en temps et dans certaines localités, laisse arriver à ciel ouvert les matières fondues de l’intérieur sous forme de laves volcaniques. On peut se figurer la surface d’un étang couverte d’une couche solide de glace produite par le froid, et qui, étant brisée en quelques endroits, laisse arriver à l’affleurement l’eau qui est en dessous, laquelle, se congelant à son tour, ressoude pour ainsi dire la surface brisée et reproduit la continuité de la croûte solidifiée. Voilà à peu près l’image de ce qui se passe après un tremblement de terre, qui produit un craquement, une fente, une fêlure dans l’enveloppe solide qui porte nos continens. La portion liquide, la lave intérieure de la terre se solidifie dans la fente par où elle s’est élevée jusqu’aux bords de la cassure du continent, et rétablit la continuité de la croûte solide, qui avait subi momentanément une fêlure locale. Ces phénomènes, en troublant la réaction électrique de la surface et de la masse centrale, doivent influer sur l’état électrique, et par suite troubler l’aiguille aimantée dans sa direction. C’est en effet ce que l’on observe constamment, et même, comme il est resté quelque chose de dérangé dans la position relative de la croûte continentale et du fluide incandescent qui la porte, on observe dans les localités voisines une altération permanente dans la direction de l’aiguille ; mais n’anticipons pas sur ce qui se rapporte proprement à l’aimantation du globe et à ses perturbations accidentelles, soit passagères, soit permanentes.

On doit considérer qu’à mesure que le noyau central de la terre diminue de volume par suite d’un refroidissement séculaire excessivement lent, les masses continentales qui reposent sur ce noyau se rapprochent du centre de la terre. Or la mécanique nous apprend qu’en vertu de la conservation du mouvement, les continens, en se resserrant vers l’intérieur du globe, doivent tourner un peu plus vite que la masse centrale, jusqu’à ce que le mouvement se soit égalisé et réparti dans tout l’ensemble ; mais la communication de mouvement entre