Page:Revue des Deux Mondes - 1857 - tome 8.djvu/780

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

STEPHANSFELD




DES CARACTÈRES ET DU TRAITEMENT DE LA FOLIE.





À quelques lieues du Rhin, près de la petite ville de Brumath, en face d’une belle forêt de sapins, au milieu d’une plaine fertile et riante que domine à l’horizon le clocher merveilleux de la cathédrale de Strasbourg, s’élève un vaste établissement qui, avec ses cours, ses jardins, ses dépendances, occupe l’emplacement d’un grand village : c’est la maison de Stéphansfeld, ancienne commanderie des chevaliers hospitaliers du Saint-Esprit, fondée au commencement du XIIIe siècle, sécularisée en 1775, puis transformée en hospice d’enfans trouvés, de tout temps enfin, et encore aujourd’hui, consacrée au soulagement des misères humaines. En 1835, le département du Bas-Rhin, devançant les prescriptions de la bienfaisante loi de 1838, a converti l’ancien hospice en un asile d’aliénés. Cet asile n’a eu d’abord que des proportions modestes, mais il n’a cessé de s’étendre depuis 1835, et a vu chaque année grandir sa prospérité, si l’on peut appeler du nom de prospérité l’affluence toujours croissante des hôtes infortunés qui le remplissent.

L’asile de Stéphansfeld, sans être aussi vaste que quelques-uns des plus grands asiles de France, est cependant assez considérable pour ouvrir un large champ à l’observation, puisqu’il contient de six à sept cents malades. C’est d’ailleurs une des maisons où l’on a été le plus loin dans la pratique de ce traitement libéral et rationnel que Pinel et Esquirol ont introduit parmi nous. Le directeur, M. David Richard, qui semble doué d’une vocation particulière pour les délicates fonctions dont il est investi, y a réalisé pas à pas, avec