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soin fut de chercher à combattre leurs vues ; mais en étudiant la question, il se vit peu à peu converti lui-même aux doctrines de ses adversaires. Aussitôt donc qu’il fut rentré dans sa patrie, il publia une brochure contre le baptême des enfans, après avoir déposé les insignes du corps dont il était membre. L’année suivante, il se rendit à Copenhague pour se faire rebaptiser, et passa de là en Amérique, où il se mit au service de communautés baptistes. Un jeune Finlandais, nommé Möllersvärd, doué d’une grande facilité d’élocution, venait d’arriver aux États-Unis ; il y rencontra M. Viberg, et, le cœur peu à peu ouvert à l’influence des choses divines, il ne tarda pas, lui aussi, à se faire rebaptiser. À son retour d’Amérique, il se mit à prêcher l’Évangile dans l’île d’Aland en 1854. La foule qui venait l’entendre inquiéta bientôt la police, qui se proposait de l’envoyer en Sibérie ; mais, avant qu’on pût se saisir de lui, M. Möllersvärd se jeta dans un bateau, passa en Suède, et, après avoir évangélisé en Norrlande, descendit vers Stockholm. M. Viberg, l’ayant rencontré dans cette ville, eut bientôt lieu de se convaincre que la simple lecture du Nouveau-Testament avait converti plusieurs laïques aux doctrines baptistes. Il les engagea à se prononcer. Deux des nouveaux convertis se rendirent alors à Hambourg pour se faire rebaptiser. L’un de ces adeptes du baptisme, M. Heidenberg, revint aussitôt en Suède, et rebaptisa plus de cent personnes dans la province de Dalécarlie, où la brochure de M. Viberg avait préparé, les voies à sa prédication. De son côté, M. Möllersvärd retourna en Norrlande, où le feu de sa parole et la vivacité de ses convictions lui gagnaient les sympathies de la foule ; mais le clergé s’étant ému, il se vit dans l’obligation de revenir à Stockholm. On compte déjà plus de mille baptistes en Suède, et leur nombre s’accroît rapidement.

Les baptistes sont les seuls chrétiens du réveil qui se séparent par principe de l’institution religieuse établie. Ils forment une église à Stockholm[1], et leurs réunions n’ont été troublées ni par la police, ni par le peuple. Cependant, comme ils commencent à devenir inquiétans pour le clergé, plusieurs pasteurs ou ministres, assistés de l’un des membres les plus distingués de la chambre ecclésiastique, les appelèrent dans l’hiver de 1856, par la voie des journaux, à une conférence publique. La première rencontre n’ayant pas tourné à la satisfaction des premiers, une seconde conférence fut jugée nécessaire. La foule était considérable. Les pasteurs se décernèrent la présidence,

  1. En 1849 eut lieu aussi à Gothenbourg un mouvement baptiste, dont le chef fut M. Nilson. Traduit devant la cour d’appel pour ses doctrines hérétiques, il se vit condamné à l’exil. Il adressa vainement au roi une demande en grâce. À l’heure qu’il est, on compte encore une centaine de baptistes à Gothenbourg ; mais ils n’entretiennent aucun rapport avec ceux de Stockholm.