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pour mieux prouver ses intentions amicales, n’a amené que quatre petits bâtimens, avec l’intention, si cela était nécessaire, de se présenter à Yédo le printemps prochain à la tête d’une escadre beaucoup plus nombreuse ; mais on pense que le gouvernement de votre majesté impériale rendra cette démarche inutile en accueillant les propositions très raisonnables et très pacifiques contenues dans la lettre du président, propositions qui seront expliquées avec plus de détails par le soussigné à la première occasion favorable.

« C’est avec le plus profond respect pour votre majesté impériale et en faisant des vœux bien sincères pour votre santé et pour votre bonheur que le soussigné se dit :

« M. C. PERRY. »

La lettre qui précède avait été écrite en mer ; une seconde dépêche que le commodore remit en même temps, mais qui est datée de la baie d’Uraga 14 juillet, porte la trace des concessions que l’envoyé des États-Unis s’était vu obligé de faire lors des négociations engagées entre ses officiers et Yezaïmen. Ainsi non-seulement le commodore ne songe plus à être admis personnellement en présence de l’empereur, mais en outre il n’insiste point pour obtenir une réponse immédiate, et il laisse au cabinet de Yédo un répit de quelques mois pour l’examen de ses propositions que, dans sa première dépêche, il présentait sous la forme plus ou moins déguisée d’une sommation. Voici la traduction de la seconde lettre :

Le commodore Perry, à l’empereur.
A Lord de la frégate Sasquehannah, Uraga, baie de Yédo, 14 juillet 1853.

« Comme il a été représenté au soussigné que les propositions qu’il est chargé de soumettre au gouvernement du Japon sont si importantes et soulèvent des questions si graves, qu’un long délai est nécessaire pour les examiner et arriver à une décision, le soussigné, tenant compte de ces observations, se déclare disposé à n’attendre de réponse qu’à l’époque de son retour dans la baie de Yédo, c’est-à-dire au printemps prochain. Il espère fermement qu’alors toutes les affaires seront réglées à l’amiable et à la satisfaction des deux pays. Avec un profond respect,

« M. C. PERRY. »

En échange des deux dépêches dont on vient de lire la traduction, le commodore n’obtint pour le moment qu’un accusé de réception ainsi conçu :

« La lettre du président des États-Unis, ainsi que la copie de cette lettre, est reçue par les plénipotentiaires, et sera remise à l’empereur. On a fait connaître à maintes reprises que les affaires concernant les pays étrangers ne peuvent être traitées qu’à Nagasaki ; toutefois l’amiral ayant fait observer qu’en sa qualité d’ambassadeur du président il considérerait comme une insulte