Page:Revue des Deux Mondes - 1857 - tome 8.djvu/485

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

L'AGRICULTURE


ET


LA POPULATION





Il y a deux ans bientôt, je disais, à propos de la cherté des denrées alimentaires[1] : « Je voudrais croire qu’il y a eu augmentation dans la demande plutôt que diminution dans la production ; malheureusement je ne puis. La consommation a sensiblement augmenté à Paris et sur les autres points où se font de grands travaux publics extraordinaires ; dans l’ensemble, elle ne s’est pas accrue. Un fait incontestable le prouve : le progrès de la population s’est à peu près arrêté. De 1841 à 1846, la population avait monté en cinq ans de 1,170,000 âmes ; de 1847 à 1851, elle n’a monté que de 383,000 ; nous ne saurons que l’année prochaine quel aura été le progrès de 1851 à 1856, mais les résultats connus par la comparaison des naissances et des décès permettent d’affirmer qu’il ne sera pas beaucoup plus sensible. »

Le dénombrement officiel de 1856 n’a que trop vérifié cette prévision : l’accroissement de la population nationale n’a été, dans cette nouvelle période quinquennale, que de 256,000 âmes.

Ce résultat inouï a paru si peu vraisemblable, qu’il a soulevé quelques doutes sur l’exactitude du recensement. Ces sortes d’opérations, par leur immensité, peuvent en effet donner lieu à une foule d’erreurs. Ce sont les maires qui les exécutent sous la direction des préfets, et

  1. Dans la livraison du 1er juillet 1865 de la Revue des Deux Mondes.