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l’écho dans la presse et dans la seconde chambre elle-même. Une commission parlementaire a été nommée en effet pour examiner la question malgré les efforts du ministre des colonies, et aux termes d’une motion de M. van Zuylen van Nyevelt, la chambre doit statuer aussitôt que cette commission aura achevé son travail. Comme on voit, la lutte est à peu près permanente et s’étend à toutes les questions. Quand elle s’apaise d’un côté, elle renaît de l’autre, et toujours le ministère et la chambre se retrouvent en présence. Quel sera le vainqueur ? On ne peut le dire encore. C’est dans de telles circonstances que serait nécessaire la présence d’hommes concilians. Un de ces hommes, M. Hochussen, vient cependant de donner sa démission de député. C’est un esprit versé dans les matières financières et les affaires coloniales. On peut se rappeler qu’en des temps difficiles il a été d’abord ministre des finances, puis gouverneur-général des Indes néerlandaises. Ses lumières manqueront dans la seconde chambre des états-généraux de la Hollande.

Les problèmes politiques sont certainement assez nombreux aujourd’hui dans le monde. Pour l’Europe même, il n’est point d’affaire plus sérieuse peut-être que ce qui va se passer aux États-Unis et dans une des républiques voisines, au Mexique, à l’occasion de ces récens massacres qui mettent l’Espagne dans la nécessité de réclamer une satisfaction. Aux États-Unis, un nouveau président monte en ce moment au pouvoir : c’est M. Buchanan. Son prédécesseur, M. Pierce, s’en va assez obscurément, après avoir montré plus de bonnes intentions que de supériorité, et plus de faiblesse que d’esprit d’initiative. Le danger pour M. Buchanan, c’est qu’on attend bien plus de lui et qu’il a été justement élu pour servir avec plus d’énergie les desseins d’un parti dont toutes les aspirations tendent à la conquête, à l’agrandissement de l’Union, en même temps qu’au maintien et on pourrait dire à la propagation de l’esclavage. M. Buchanan, en entrant en fonctions, a choisi tout d’abord ses ministres, parmi lesquels se trouve définitivement le général Cass, qui devient le secrétaire d’état pour les affaires étrangères de la nouvelle présidence. Le général Cass est connu pour ses idées avancées et même excentriques parfois. Il est vrai qu’il prononçait, il y a quelques jours, une harangue assez diplomatique pour rassurer un peu le monde sur ses projets, pour protester surtout de son désir de vivre en bonne intelligence avec l’Angleterre. Sa nomination ne serait pas moins un symptôme assez significatif, si les hommes ne changeaient pas souvent avec les positions. M. Buchanan lui-même ne sera pas évidemment le ministre qui dans la conférence d’Ostende proclamait solennellement la légitimité de la conquête de Cuba. Sans rien préjuger encore de l’ère politique qui s’ouvre aujourd’hui pour les États-Unis, il ne faut point s’exagérer en effet les changemens de systèmes qui se produiront. Ces changemens ne peuvent être ni aussi soudains, ni aussi décisifs qu’on le pense. La politique suivie jusqu’ici ne peut prendre subitement des allures inattendues parce que d’autres hommes arrivent au pouvoir. Seulement, comme les tentations sont nombreuses et comme les passions démocratiques sont toujours dans l’attente, il reste à savoir si le nouveau président, eût-il l’intention d’être modéré, parviendra à contenir cette exubérance d’activité expansive et à régler ces ambitions que rien ne peut assouvir. Pour le moment, M. Buchanan va trouver à son entrée au pouvoir un certain nombre de questions à résoudre. Le traité négocié par M. Dallas