Page:Revue des Deux Mondes - 1857 - tome 8.djvu/443

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Dans l’air lourd plus de voix, hors le bruit des cigales
Frappant le ciel cuivré de leurs notes égales.
Entre les moissonneurs plus de joyeux propos ;
Il est temps que midi sonne enfin le repos.
L’œuvre languit ; la main, en essuyant la tempe,
Retombe mollement avec l’eau qui la trempe.
Les yeux cherchent ; voici, travailleurs aux abois,
Que vous voyez venir, par le sentier du bois,
Les rouges tabliers, les corbeilles couverts
D’un linge blanc qui luit entre les feuilles vertes.
Des cris ont salué l’espoir du gai repas.
Vers l’ombre, au bout du champ, chacun marche à grands pas ;
On s’assied. Les grands pains sont étalés sur l’herbe.
Le maître fait les parts, trônant pur une gerbe.
La fermière a servi les rustiques apprêts
Et rempli d’un vin clair les écuelles de grès.

Mais déjà, sous le chêne où la mousse l’invite,
Pressant comme la soif, le sommeil descend vite.
Près de l’homme endormi, les marmots en éveil
Font leur moisson d’ivraie et de pavot vermeil.

Là, debout, lui montrant sa terre et sa chaumière,
Le fermier prend la main de la brune fermière.


FRANTZ


Vois ces riches moissons ; vois, sous ces flots de blé,
Notre champ qui se dore :
D’une moisson d’amour le printemps a comblé
Mon cœur plus riche encore !

Viens ! pour payer les fleurs que tu m’offrais hier,
Qu’aujourd’hui tu me donnes,
Je veux, en épis mûrs, à ton front doux et fier
Rendre ici des couronnes.


BERTHE


Quand tu fuyais, sombre et cherchant
Un désert et des fleurs nouvelles,
Je t’ai dit : Ma vigne et mon champ,
Mes prés, en cachent de plus belles.

Rien, dans ces lointains merveilleux,
Ne vaut les fruits, les blés qu’on sème