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FRANTZ


SCENES PASTORALES






AVRIL


C’est moi qui décoche à ta vitre
Ce rayon d’or leste et joyeux
Dont le feu, sur ton noir pupitre,
Tombe et rejaillit dans tes yeux.

Ferme, en chassant ton rêve sombre,
Ce livre jaune où tu t’endors ;
Fuis gaîment la ville et son ombre
Pour me suivre aux prés, d’où je sors.

Je suis le printemps ! Dieu m’envoie,
Plein de musique et de couleurs,
Pour semer la vie et la joie
Dans les âmes et dans les fleurs.


FRANTZ


Je fuirai sans regrets ce toit sombre et mon livre,
O printemps ; mais je veux du moins,
Sous ton jeune soleil qui m’invite à le suivre,
Marcher sans guide et sans témoins.

Je hais tous les sentiers que le passant me nomme,
Tout lieu d’où je suis revenu ;