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trois cent trente-trois ; C’est à peu près la longueur de Sainte-Sophie et plus de la moitié de celle de Saint-Pierre. Le colossal envahit toujours de plus en plus l’architecture de l’empire. Un gouvernement qui ressemble aux gouvernemens de l’Orient appelle un art qui prend les dimensions de l’art oriental. La situation du temple de Vénus et de Rome était très bien choisie. D’un côté il dominait la Voie-Sacrée et le Forum, de l’autre il regardait le Colisée. Pour construire ce vaste édifice, on fut obligé de transporter le colosse de Néron ; c’est alors qu’il fut placé devant l’amphithéâtre ; on y employa vingt-quatre éléphans. La base du colosse se voit encore.

Pour se former une idée de l’activité d’Adrien par les monumens dont il fut l’auteur, il faudrait faire comme lui, sortir de Rome, parcourir le monde, aller visiter tour à tour chaque partie de l’empire romain, car Adrien était toujours en voyage, entraîné par une humeur inconstante et un esprit curieux ; partout, on doit le reconnaître, il laissait des traces de sa présence : des aqueducs, des ponts, des fontaines, des édifices de toute sorte ; à Athènes, le temple de Jupiter Olympien, qu’auprès du Parthénon l’on regarde à peine parce qu’il n’est que romain ; à Nîmes, une basilique en l’honneur de Plotine, à laquelle il devait l’empire. Il restaurait un temple d’Auguste en Espagne et relevait le tombeau de Pompée en Égypte. À cet égard, Adrien marche d’un pas plus décidé dans la route que Trajan avait ouverte. Celui-ci avait, commencé à s’occuper des provinces ; son successeur les parcourut incessamment. Trajan était un provincial empereur, Adrien fut un empereur cosmopolite ; mais Rome étant le seul théâtre de cette histoire, j’y retourne pour y chercher les œuvres et les souvenirs d’Adrien.

Il y répara et restaura beaucoup. On cite le Panthéon, les thermes d’Agrippa, le forum d’Auguste. À ce moment, les monumens se sont tellement multipliés à Rome, que désormais les réparations tiendront une grande place dans les ouvrages des empereurs, des plus mauvais comme des meilleurs, de Caracalla comme de Septime-Sévère. Adrien était un esprit vif et ardent qui avait toujours besoin de faire quelque chose, qui aimait à briller ; puis il voulait séduire l’opinion, que les cruautés par lesquelles il inaugura son règne avaient soulevée : il voulait se faire absoudre en se faisant admirer. Il faut lui savoir gré de cette vanité où entrait quelque grandeur et de ce remords salutaire qui embellit Rome et l’empire. Du reste, si Adrien conserva et répara, il détruisit aussi. Il fit abattre, au grand regret de tout le monde, un théâtre que Trajan avait bâti dans le Champ-de-Mars, et si bien abattre, qu’on ne sait où était ce théâtre ; il fit aussi démolir un pont que Trajan avait jeté sur le Danube. On voit là des marques du caractère jaloux d’Adrien, et il est permis d’en