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des bijoux d’un admirable travail, trésors qui paieraient la rançon d’un roi et dépassent de beaucoup le budget d’un simple voyageur. Il n’existe pas de résident européen dans la ville de Bénarès ; toute la communauté à peau blanche est réunie à la station, à 4 milles environ de la cité native, et reliée avec elle par une excellente route macadamisée, infestée de tribus de singes sacrés que protège le respect superstitieux des natifs, et qui règnent en maîtres sur les bords des tanks, les toits des maisons et les arbres des jardins. La station est bâtie, sans plan régulier, aux environs des édifices qui renferment les tribunaux, les caisses publiques, la prison, le collège et les lignes militaires. Les maisons à un étage, blanchies avec soin, avec leurs persiennes vertes et le vaste jardin qui les entoure, présentent un coup d’œil élégant, mais qui se reproduit incessamment dans tous les chefs-lieux de district de l’Inde. Et l’uniformité n’est pas seulement dans les rues : élémens sociaux, occupations, plaisirs, sujets de conversation, rien ne varie dans ces petites colonies européennes échelonnées au milieu du vaste empire indo-britannique. Le personnel officiel d’un chef-lieu de district se compose invariablement d’un commissioner, d’un juge, d’un collecteur, d’un magistrat, de quelques assistans, et des officiers d’un ou de plusieurs régimens, tous gens dont la vie pourrait facilement se réduire aux termes d’une formule géométrique. La promenade au lever du soleil, les travaux de l’office et le tiffin ; à quatre heures, le billard public ou le bain (les plaisirs de la poule et de la natation conduisent jusqu’à six heures) ; une promenade à cheval ou en voiture sur les grandes routes environnantes, et l’heure du repas du soir est arrivée : tel est l’éternel menu de cette vie, dont quelques grands dîners, des parties de chasse ou un bal viennent seuls varier la monotonie. Aussi que Mme la commissioner n’abuse pas trop de son droit de préséance, que mistress brigadier *** pardonne au collecteur d’avoir la moitié de l’âge et le double du traitement de son mari le colonel et C. B. (traduisez compagnon du Bain et prononcez ci bi) ; que la station ait échappé en masse à la contagion de la distribution des bibles, cette maladie anglaise, et il ne reste plus rien à servir dans la communauté sur le tapis de la discussion, sinon : la bière reçue de Calcutta aux derniers jours par le juge : — very sound indeed ; le claret importé directement de Bordeaux par la mess-rather thin ; les selles de mouton produites par tel ou tel club[1], ou enfin, sujet incessant de conversation et d’anxiétés, la glacière, qui pendant les longs mois

  1. Il est d’usage dans les stations anglo-indiennes que les résidens s’associent par trois ou quatre pour entretenir un troupeau de moutons. Un ou deux animaux, suivant les besoins, sont tués par semaine et distribués entre les membres du Mutton-Club.