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étrangères, par les forces de la France et de l’Angleterre. Le poids de l’occupation n’a point été lourd pour la prospérité et la tranquillité du pays, que nos soldats ont bien plutôt protégées ; il l’était peut-être pour la fierté nationale, et ce n’est point d’aujourd’hui que le gouvernement grec a cherché un moyen de faire cesser une protection qu’il subissait. Dès l’an dernier, il faisait une proposition, bizarre en apparence, mais qui était du moins dictée par une bonne intention : il offrait aux cours de Londres et de Paris d’affecter une somme annuelle fixe au service de l’emprunt grec ; seulement il demandait en même temps que cette somme restât entre ses mains pour être consacrée à des travaux d’utilité générale. Cette proposition n’a point été repoussée ; mais les gouvernemens y ont ajouté un complément : ils ont demandé à leur tour qu’une commission mixte fût instituée à Athènes par les trois cours protectrices de la Grèce pour veiller à l’emploi de la somme stipulée, pour voir de près l’organisation financière du pays et indiquer les réformes désirables, ce qui a été accepté par le cabinet du roi Othon. En se prêtant à cet arrangement, les gouvernemens de France et d’Angleterre ne s’étaient pas précisément engagés à faire cesser l’occupation ; ils rappellent spontanément leurs troupes aujourd’hui pour rendre à la Grèce son entière liberté, et pour mettre fin à une vieille difficulté qui ne saurait plus longtemps survivre aux événemens qui l’ont fait naître.

Ainsi disparaissent l’un après l’autre les vestiges de la guerre. Les occupations cessent, les complications s’effacent ; il ne reste plus qu’une question, la plus sérieuse, il est vrai, et la plus difficile peut-être, celle de l’organisation des principautés danubiennes. C’est dans cette question, intimement liée aux destinées de l’Orient, que vont se concentrer désormais tous les efforts de la diplomatie. Une note officielle du Moniteur est venue marquer la position que le gouvernement français entend conserver dans une affaire ont toutes les politiques sont en présence, où il s’agit de concilier les besoins des populations roumaines et les droits de suzeraineté de la Porte, où se débat enfin un grand problème, celui de l’union des deux principautés, c’est-à-dire de la création d’un état assez compacte et assez fort pour garantir par son poids l’intégrité de l’Orient et les intérêts de l’Occident. La politique de la France s’est prononcée ouvertement pour l’union des deux provinces. Quels sont les termes précis de cette question ? Comment s’est-elle déroulée depuis qu’elle existe ? comment s’est-elle trouvée engagée en particulier dans la conférence qui a été tenue récemment à Constantinople, et qui a préparé le firman de convocation des divans de la Valachie et de la Moldavie ? C’est une histoire qui a peut-être quelques côtés curieux. Qu’on le remarque bien : tout a son point de départ ici dans les transactions du 30 mars 1856. Le traité de Paris assure aux principautés la jouissance de leurs anciens privilèges, une armée nationale, une administration indépendante sous la suzeraineté de la Porte, et il prescrit la révision des statuts organiques des deux provinces. Une commission était instituée pour s’enquérir de l’état réel de ces contrées et préparer au nom de l’Europe les élémens d’une organisation nouvelle. En même temps des divans devaient être convoqués dans la Valachie et la Moldavie pour que les populations pussent librement faire connaître leurs besoins et leurs désirs. Dans ces dispositions, on le voit, il y a trois faits essentiels : la suzeraineté de la Porte est seule garantie, tout le reste est permis ;