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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.


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14 février 1857.

Les affaires de l’Europe, après l’étrange commotion qu’elles ont subie, et qui aurait pu devenir plus périlleuse encore, ont quelque peine à retrouver cet équilibre qui est le signe heureux du rétablissement des situations régulières. Même quand les orages sont dissipés, il reste des troubles vagues qui peuvent prendre une multitude de formes, et par une compensation singulière, des puissances qui ont marché d’intelligence dans les plus grandes entreprises ne réussissent pas toujours à s’entendre dans les suites de ces entreprises ou dans les affaires nouvelles qui s’élèvent. C’est ce qui s’est vu et c’est, ce qui se verra sans doute encore. Il y a eu un moment où la diplomatie européenne, à peine débarrassée d’un grand poids, a eu tout à la fois à tourner ses regards vers bien des points. En Orient, elle se débattait autour d’une ville, autour d’un îlot, sans pouvoir arriver à tracer la véritable limite de la Turquie et des possessions russes, et pendant ce temps les vaisseaux anglais restaient dans la Mer-Noire, les Autrichiens gardaient leurs positions du Bas-Danube, l’organisation nouvelle des principautés demeurait en suspens. La Grèce, toujours occupée par les soldats de la France et de l’Angleterre depuis plus de deux ans, offrait une autre difficulté à résoudre. Dans un rayon plus rapproché, l’Italie, agitée de secrets et profonds malaises, attirait les cabinets dans tous les embarras de la plus délicate intervention diplomatique. Comme si cela ne suffisait pas, au même instant surgissait la plus vive querelle entre la Prusse et la Suisse. C’étaient autant de questions propres à susciter les luttes et les divergences, ou tout au moins à laisser apparaître des dissentimens inévitables.

Certainement tout n’est point éclairci et absolument simplifié dans la situation de l’Europe. À un point de vue général surtout, plus d’un problème plane sur les peuples. Il est vrai pourtant de dire que de ces difficultés diverses qui se sont élevées depuis quelques mois il en est que la diplomatie à heureusement dénouées et qui tendent en ce moment même à disparaître, ou à rentrer