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sur les oreilles et les joues, et ne laissant voir que les yeux et la bouche ; le collet était remplacé par une grande toile de caoutchouc imperméable, qui servait de drap de lit dans les nuits de bivouac. Nos soldats portaient aussi, au commencement de la guerre, des espèces de spencers à manches, faits de peaux de mouton. La laine était en dedans, en contact avec le corps. Ce costume était peu gracieux, et, ce qui est plus grave, il donnait souvent une chaleur trop grande et entretenait la peau en transpiration. Quand le grand froid cessait, il y avait danger à le quitter, le corps s’étant habitué à cette moiteur. La laine retenait l’humidité, le suin crassait le second vêtement, la vermine s’y mettait. On y a renoncé.

La ceinture de flanelle est le meilleur préservatif contre les flux diarrhéïques, précurseurs des dyssenteries, si fatales aux armées. Les vieux soldats habitués à la guerre d’Afrique n’ont garde de la quitter. Les conscrits n’en connaissent pas encore les bienfaits ; ils la perdent ou la laissent dans leur sac. Dans ce cas, le blâme doit remonter aux commandans et aux médecins du corps. Une mesure étant prescrite par le ministre, c’est à eux de la faire exécuter.

Les soldats anglais avaient chacun deux chemises de flanelle. Rien n’est plus hygiénique que la laine ; en hiver, elle donne une douce chaleur et entretient les fonctions cutanées ; en été, elle prévient les arrêts de transpiration. L’Arabe ne porte guère que des vêtemens de laine. Nos soldats de marine en font usage sous toutes les latitudes. Deux chemises de laine ne sont guère plus pesantes qu’une chemine ordinaire de soldat ; elles pourraient en prendre la place dans le sac. Quand le soldat serait mouillé, il en mettrait une, et éviterait les bronchites si fréquentes, les pneumonies si souvent mortelles ; En attendant qu’on adopte la chemise de laine pour les soldats en campagne, je demande qu’on la donne à tous les malades des hôpitaux et des ambulances.

L’armée tout entière a été pourvue de grandes guêtres bulgares. Faites en gros drap bien chaud, elles montaient jusqu’au-dessus du genou, à peu près comme celles des soldats de l’empire. Cette guêtre soutenait la jambe suffisamment pour faciliter la marche et prévenir les varices. La guêtre de cuir actuellement usitée se durcit par l’humidité, par la gelée, et excorie les malléoles ; Elle est froide en hiver, trop chaude en été. De son côté, la guêtre de drap, outre qu’elle s’use plus vite, conserve quand il pleut l’humidité, et fait sur le bas de la jambe l’effet d’une éponge. Le soldat, n’en ayant qu’une paire, ne pouvait pas toujours la faire sécher. Il y avait aussi des guêtres en peau de mouton, la laine en dedans ; mais elles conservaient également l’humidité, et, séchant devant le feu, se racornissaient et devenaient dures et cassantes. On eût difficilement