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L’OPTIQUE


ET


LA PEINTURE




Quand un voyageur arrive pendant une nuit obscure au milieu d’un pays qui lui est inconnu, il ne peut qu’avec peine apercevoir les contours douteux des édifices voisins ou la silhouette sombre des collines qui terminent l’horizon, et il reçoit une idée toujours incomplète et souvent fausse des objets qui l’entourent ; mais quand il s’éveille au matin suivant, il voit la nature se développer devant ses yeux avec tous ses détails ; il reconnaît les objets, juge leur étendue, estime exactement leur distance ; il apprécie sans erreur les formes réelles qu’ils possèdent et les positions qu’ils occupent autour de lui. Quel a été l’agent de cette relation si rapidement établie entre les choses extérieures et l’observateur ? C’est un mouvement spécial qui s’accomplit dans l’espace au moment où le soleil s’y montre : c’est la lumière. Il est une science qui a pour unique objet d’étudier la lumière, de deviner la nature intime de cet agent précieux, d’observer et de calculer les lois qui règlent son rôle, et d’en suivre minutieusement la marche, du soleil qui en est l’origine aux corps qu’elle éclaire, et jusqu’au fond de l’œil, où ils viennent se peindre comme dans un tableau : cette science est l’optique ; elle touche à l’astronomie par ses côtés les plus élevés, et à nos besoins journaliers par des applications nombreuses. À la fois mathématique et expérimentale, elle a été cultivée par les plus grands génies scientifiques de tous les temps, et, grâce aux nombreuses études dont elle a été l’objet, elle est devenue la plus parfaite des sciences et la plus philosophique des doctrines. Nous savons aujourd’hui par quelle