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les propositions destinées à servir de bases à la pacification. » Plus tard, les conférences furent transférées au village de Plesswick. Les prétentions élevées par les alliés étaient excessives, notre résistance opiniâtre, les discussions véhémentes et interminables, et plus d’une fois, après des débats de quinze et même de vingt-quatre heures, on fut sur le point de se lever et de tout rompre. Les commissaires russe et prussien ne voulaient nous laisser occuper ni Breslau,.dont nous étions maîtres, ni Hambourg, dont le prince d’Eckmühl était sur le point de s’emparer, et ils refusaient de prolonger au-delà d’un mois la durée de l’armistice, tandis que Napoléon demandait qu’elle fût étendue jusqu’au 20 juillet. Il est à remarquer que dans ces conférences préliminaires, où les trois puissances laissèrent pressentir leurs dispositions, ce fut l’empereur Napoléon qui fit toutes les concessions. Les alliés ne voulurent céder sur rien. Ainsi il renonça à prolonger l’occupation de Breslau, et quant à Hambourg, il se borna à demander que cette ville restât dans la situation où elle se trouverait au moment où serait signé l’armistice ; mais il exigea formellement que la durée de la suspension d’armes fût prolongée jusqu’au 20 juillet, et que les hostilités ne pussent recommencer que le 1er août. Ce fut là son ultimatum. « Il ne faut pas se dissimuler, écrivait-il de Newmarck, le 3 juin, au duc de Vicence, que l’armistice tel que je le propose n’est pas honorable pour moi. Pourquoi en effet, pour un armistice de six semaines, abandonner un pays de l’importance de Breslau ? C’est moi qui abandonne tout, l’ennemi rien. L’ennemi voudrait-il m’humilier, en me chassant par un armistice d’une ville dans laquelle je suis entré par le résultat d’une bataille ? La neutralisation de cette ville, c’est tout ce que l’honneur peut accorder. Quant au délai de l’armistice, le terme proposé est une insulte. Ne dirait-on pas que je suis dans une place assiégée ? Je veux un armistice, mais je le veux en homme d’état, en souverain. Je veux négocier la paix, et non la recevoir comme une capitulation. Les ennemis se trompent, s’ils espèrent qu’il en sera autrement que par le passé ; l’expérience leur a prouvé qu’ils s’étaient trompés constamment. Prévenez-les qu’ils seront battus après la première rencontre, que je resterai maître de Breslau, où j’aurai de bons cantonnemens, que je serai maître de Berlin, que j’ai avec moi et derrière moi des forces telles que rien ne peut m’empêcher d’arriver de tous côtés sur l’Oder, que je ne fais aucun cas de tout le terrain qu’ils me donnent, et que je comprends très bien que c’est moi qui donne tout ; qu’enfin j’ai été jusqu’aux limites de ce que l’honneur me permettait de faire. »

La rupture semblait imminente ; les maréchaux avaient été invités à se tenir prêts à marcher au premier ordre. M. de Narbonne dut