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le point où il voulait les frapper, il avait opéré comme s’il ne se proposait d’autre but que de percer à travers la ligne des Russes, sur la route de Wurtchen à Hochkirch, et de les couper de la Bohême. Oudinot, à la tête du 12e corps, dirigea ses attaques de ce côté avec une énergie extrême, gravit, sous une grêle de balles et sous la mitraille, les pentes escarpées de la montagne, en atteignit la crête, et refoula Miloradovitch sur la seconde ligne, à 2,000 toises en arrière. Cette heureuse manœuvre eut tous les effets que s’en était promis l’empereur. Les alliés se persuadèrent que le point de leur ligne le plus immédiatement menacé était celui qu’occupait Miloradovitch, et lui envoyèrent, pour le renforcer, le corps tout entier du prince Eugène de Wurtemberg.

La journée du 20 n’avait fait que préparer le combat sanglant du lendemain. Le 21, de grand matin, la lutte recommença avec une furie extrême entre les troupes de Miloradovitch et celles d’Oudinot. Au centre et à notre gauche, Marmont et Bertrand attaquèrent de front, mais sans trop s’engager, les positions qu’occupaient les généraux Kleist, York et Blücher. La garde, les escadrons de Latour-Maubourg et l’artillerie de réserve se concentrèrent derrière nos lignes du centre, qui ne devaient s’élancer que lorsque le prince de la Moskowa se trouverait en mesure d’assaillir à revers les mamelons de Klein-Bautzen. Le 21 au matin, les 5e et 3e corps débouchèrent sur Klix, puis se divisèrent. Ney, afin de couvrir sa gauche, dirigea Lauriston avec deux de ses divisions sur Gottameld et Baruth, plaça en flanqueurs derrière les marais de Malschwitz la division Maison, également du 5e corps ; puis, de sa personne, il se porta sur le moulin de Glein, dans la direction de Preititz, qui était situé tout à fait sur le revers des positions qu’occupaient les Prussiens. C’est au moulin de Glein qu’il reçut une dépêche de l’empereur, écrite au crayon, à huit heures du matin, qui lui enjoignait de se trouver à onze heures au village de Preititz. L’officier chargé de porter cette dépêche ne put rejoindre le maréchal et la lui remettre qu’à dix heures. Ney n’avait encore à ce moment sous sa main que la division Souham. Les quatre autres divisions de son corps s’avançaient par échelons trop espacés. Régnier et le 7e corps ne pouvaient être rendus sur le terrain que vers une heure, et Lauriston opérait dans la direction de Baruth, où il n’y avait pas d’ennemis. Ney envoya partout des ordres à ses quatre divisions et à Régnier de hâter leur marche, à Lauriston de revenir en toute hâte sur ses pas afin de prendre part à l’attaque de Preititz, puis il détacha la division Souham, chargée de reconnaître la position de Preititz. Cette division, saisie entre les troupes de Barclay de Tolly, qui se repliaient devant la colonne du maréchal Ney, et par celles du général Kleist, envoyées au secours du général russe, n’étant pas suffisamment