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Russes, et cherché un asile à Ratisbonne. Plus tard, cédant aux instances de l’empereur d’Autriche, douloureusement frappé des dangers de notre situation, dont il ne connaissait que très imparfaitement les ressources, il s’était laissé circonvenir et entraîner à Prague. Davoust reconnut bien vite l’impossibilité de défendre la ville de Dresde contre les masses redoutables qui s’avançaient. Il ne s’y arrêta que trois jours, coupa une arche du grand pont qui relie la vieille ville à la ville neuve, sous les yeux et au milieu des imprécations d’une population furieuse, et se replia sur le vice-roi. Régnier voulut se jeter dans Torgau ; mais le général saxon Thielmann, qui y commandait, gagné déjà à la cause des Russes, refusa de lui en ouvrir les portes, alléguant les ordres du roi.

C’était une erreur de croire que nous étions en mesure de contenir les forces ennemies qui se portaient de tous côtés sur notre front et sur nos ailes. L’empereur Napoléon blâma le vice-roi d’avoir disséminé ses corps sur une ligne aussi étendue, et l’invita à les concentrer au confluent de la Saale et de l’Elbe. Abrité sous le canon de Magdebourg et de Wittenberg, ayant son front couvert par l’Elbe et sa droite par la Saale, le vice-roi pourrait attendre en toute sécurité dans ce vaste camp retranché l’arrivée de l’empereur et de son armée. Il lui était recommandé, dans le cas où les alliés feraient des progrès trop sensibles sur sa droite ou sur sa gauche, de les arrêter en prenant une offensive hardie et en simulant un mouvement sur Berlin. Docile à ces sages conseils, le prince s’empressa de rappeler à lui ses divisions éparses, et transporta son quartier-général de Leipzig à Magdebourg.

De leur côté, les alliés continuèrent de s’avancer, pleins de confiance et d’illusion, Blücher sur Dresde, qui l’acclama, Wittgenstein sur Dessau, Czernichef, Tettenborn et Dornberg vers les plaines du Bas-Elbe. À l’approche des Cosaques, la population de Hambourg s’émut, des attroupemens se formèrent, et une première tentative d’insurrection eut lieu. Le général Cara-Saint-Cyr, qui commandait dans la ville, n’avait pour la contenir que deux faibles bataillons du 152e de ligne et quelques compagnies de vétérans et de douaniers. Il réclama l’appui de la garnison d’Altona, qui voulut bien concourir à réprimer des désordres qui semblaient d’abord n’être que l’œuvre d’une populace avide de pillage ; mais peu de jours après, un second mouvement ayant éclaté, les autorités d’Altona refusèrent cette fois d’intervenir, et alléguèrent la stricte neutralité de leur gouvernement. Le général se trouva donc réduit à une poignée d’hommes. Le 9 mars 1813, plusieurs centaines de cavaliers, se disant soldats de Czernichef, mais, à ce qu’il paraît, Prussiens déguisés en Cosaques, envoyés plutôt pour intimider que pour se battre, se