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rieuses où il vivait il y a dix ans, et c’est au faraud jour qu’on peut étudier ses mœurs politiques pour les peindre, pour les corriger et les fortifier, de façon à ce qu’elles restent le premier fondement d’une liberté durable.

ch. de mazade.


POÉSIES


AUX POÈTES.


Aux poètes je dis : Si vos cris, vos sanglots.
Si vos gémissemens ne trouvent pas d’échos.
C’est que seuls vous avez une âme désolée.
Que la grande douleur du Doute est consolée ;
C’est que vous êtes vieux dans un temps rajeuni
C’est qu’au cadran du siècle il a sonné midi,
Et que, bercés longtemps par des muses pleureuses.
Des progrès de l’esprit et du temps oublieuses.
Tandis que vous rêviez derrière vos rideaux
Des poèmes de nuit, des sonnets de tombeaux,
La foule autour de vous marchait dans la lumière.
Droit à son but, laissant les doutes en arrière,
Rallumant au flambeau des nouvelles clartés
Le flambeau mal éteint des vieilles vérités.

Plutôt que courtiser des muses étrangères.
Tristes comme le vent qui glace leurs bruyères.
Que ne renouez-vous le beau fil des amours
Que contait si gaiement la nôtre aux anciens jours ?

La muse du pays, la muse souveraine !
Allez aux beaux jardins de la belle Touraine,
Aux prés de l’Angouniois où naquit ce Ronsard
Qui chanta sur un ton si plein d’amour et d’art :
Là vous la trouverez dormant dans une vigne,
Pour donner ses faveurs attendant le plus digne.

Fanée entre ses doigts, depuis longtemps elle a
Une rose de mai que Marot lui donna,
Simple fleur de buisson, mais qui vaut un empire.
Sachant aussi pleurer, elle aime encor mieux rire.
Elle est simple de cœur, et douce et sans fierté ;
Pourtant se souvenant que durant un été,
Au temps où Primatice embellissait Amboise,
Sur les gazons fleuris et sous les toits d’ardoise.
Rieuse et répétant des vers à demi-voix.
Elle s’est promenée au bras du roi François,