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ne peut être évalué qu’à 80,000 tonnes environ. Depuis un certain nombre d’années, le guano des îles péruviennes fournit une excellente cargaison de retour; seulement le fret de cette matière est aujourd’hui très peu élevé, il faudrait un tarif suffisamment bas pour amener dans le canal 100,000 ou 150,000 tonnes de guano.

Les chiffres précédens relatifs au commerce des ports du Pacifique paraîtront peut-être un peu faibles, mais il faut remarquer que les navires européens n’auront pas intérêt à suivre le canal maritime pour se rendre dans la plupart de ces ports. Il est très important d’établir ce fait et de dissiper toutes les illusions qui pourraient encore être entretenues à cet égard. La distance entre l’Angleterre et Valparaiso par voie du cap Horn est, sur la ligne des vaisseaux à voiles, de 9,560 milles; par le canal du Nicaragua, elle serait de 8,745 milles; en tenant compte de la direction des vents et des courans, on évalue la longueur de la traversée moyenne par la route actuelle à 105 jours; en suivant le canal, la traversée serait de 104 jours : il n’y a donc qu’un jour de gagné pour aller d’Angleterre au Chili. Pour le retour, la traversée est de 108 jours par le cap Horn, et serait de 85 jours par le canal : la différence en faveur du dernier est ici de 23 jours. Ces chiffres indiquent suffisamment que tout le commerce entre l’Angleterre, la France et le Chili continuerait à, suivre la route ancienne, puisque l’économie de temps nécessaire pour rendre le canal profitable doit s’élever au moins à 37 jours.

De l’Angleterre à Callao, la distance est de ll,13Zi milles par le cap Horn, et serait de 7,328 milles par le canal pour l’aller; pour le retour, les distances correspondantes sont de 11,035 milles et de 6,850 miles. La traversée de l’Angleterre à Callao se fait dans 114 jours pour aller et 120 jours pour revenir; par la voie du canal, elle s’effectuerait en 78 jours d’une part, en 75 jours de l’autre. L’économie de temps serait donc seulement de 36 jours dans le premier cas et de 45 jours dans le second. Dans ces conditions, les navires ne suivraient point le canal pour se rendre à Callao, et il est même douteux qu’un grand nombre le traversât au retour.

En ce qui concerne le commerce des États-Unis, il est aussi presque certain que les importations au Chili continueraient à être dirigées par la voie du cap Horn. En effet, d’après le rapport même du colonel Childs, partisan du canal de Nicaragua, la distance de New-York à Valparaiso par voie du cap Horn est de 10,643 milles, et par le canal proposé de 5,811 milles. Cette différence correspond à une économie de 42 jours seulement en faveur du canal. Comme on ne gagnera rien à le suivre tant que la différence n’excédera pas sensiblement 37 jours, on peut affirmer que dans ces conditions un nombre